Ce roman, le cinquième de Pierre Furlan, nous entraîne dans l’archipel du Pacifique Sud appelé jadis Nouvelles-Hébrides et connu depuis son indépendance sous le nom de Vanuatu. Pierre Furlan y a suivi les traces d’un personnage quasi légendaire qui hanta ce territoire dans les années 1910-1920, à savoir Robert James Fletcher, auteur sous pseudonyme des fameuses Lettres des îles-paradis dans lesquelles il racontait avec verve ses tribulations et les brutalités subies par les autochtones. Ces lettres résonnèrent si fort dans leur traduction française que Jacques Prévert déclara qu’il les emporterait dans une île déserte et que Michel Leiris fit rééditer la version française devenue rarissime.
Aujourd’hui, Furlan a fait à son tour le voyage dans les îles en compagnie de la petite-fille mélanésienne de R.J. Fletcher. Il en est revenu avec une vision neuve de ce personnage jadis scandaleux et avec des lettres inédites du même Fletcher qu’il intègre à son roman. Il montre l’enfer vécu par Fletcher pris en tenaille entre un mirage d’existence facile au soleil et la réalité de la vie de colon qu’il méprise.
Gardons-nous de penser qu’il s’agit d’une histoire dépassée. Elle est si vivante qu’elle jette un éclairage sur bien des situations contemporaines. Ce nouveau roman de Pierre Furlan, après l’excellent Rêve du collectionneur dont nous avons parlé dans ces colonnes, est plus que dépaysant, il est essentiel. |