ID : 102
N°Verso : 69
L'artiste du mois : André-Pierre Arnal
Titre : Pulp fiction
Auteur(s) : par Max Guedj
Date : 07/10/2013



Pulp fiction
par Max Guedj

En remerciment à André-Pierre Arnal qui m'aura aidé
en me montrant les couleurs pour le voir à trouver les mots pour le dire.

 

J’avais dit, et mais ce n’était pas encore assez bien dire. Tu sais c’était au temps de Brighton Rock et Bouchée à la liqueur, lorsque nous nous pliions l’un dans l’autre et que nous nous en trouvions tout colorés mais certainement encore chacun chez soi (de peur de se froisser l’un l’autre) toi ton cercle moi mon triangle. Or tout nous souriait : c’est que nous étions tous deux assez amoureux du papier dont les deux étions faits, le même grain sinon le même grammage (pour ne pas parler du juponnage).
Tu sais maintenant comment ça se fait le papier : mais à l’époque toi et moi même ignorance nous l’avions cru tout lisse sorti des presses (saluant au passage le bien nommé presse-papier auquel soumise et béate tu me comparais), mais j’avais déjà ma petite idée, et toi aussi sans doute « que nous étions éminemment froissables donc indéfroissables », à rebours de ces multitudes qui croient aux fausses vertus du pliage, et du repassage, froissé il fut, froissé il reste. Donc (sans rien nous dire de ce que nous avions compris de nos fictions, frictions et croyances, de notre passé donc , comme mode de froissement et type de pliure chacun plus froissé-plié que l’autre) (mais moi je croyais toi plus que moi, aujourd’hui tout à fait le contraire, j’étais une vraie boule jetée sportivement au waste paper basket) ( tu m’avais récupéré, déplie, puis replié selon mes droites et mes obliques oubliées, et même mes beautés de couleur, tu disais) (mais les tiennes étaient belles aussi) (j’ai les photos des tableaux).
Mais rapidement du drame s’y mit, c’est quand en chœurs (j’aime bien ce pluriel) nous nous mimes à nous découvrir pire que pliés l’un dans l’autre, collés par la peau.

En effet : ne me levais-je pas un beau matin tout tatoué de toi. J’ai horreur de cette chose, (mais tu avais déjà pris ton train) alors que faire ? Vite je te smsaissais, et vite tu me rassurais, depuis le train, de ses lavabos, où tu avais crû découvrir la même chose (on ne le dira jamais assez, c’est l’absence qui fait la présence : d’où ce tatouage, sa massive et redoutable persistance). Toi me disant : non ce n’est qu’une empreinte conséquente au collage soixante-douze (72) heures de nos peaux, qu’une empreinte délibile, il n’y a qu’à voir, passe toi l’éponge et tu seras rassuré... sur ton... intégrité).

 

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