Conversations avec André-Pierre Arnal
par Michaël Glück
En guise d'ouverture
La main est un sujet, pensant, agissant, trésorier d'une mémoire, propriétaire d'une sensibilité à fleur de peau, ah ! la fleur de la peau, toujours ouverte aux amours fécondes, d'une adresse souveraine lorsqu'on lui parle de beauté !
Derrida écrit, nous écrit : "Ce que la nature veut nous apprendre, elle nous le fait faire."
La main fabrique, agit, propose à la matière un visage nouveau de la langue, une aventure originale, singulière et risquée.
L'opposabilité du pouce est le début de bien des choses dans le monde de la culture humaine, en particulier la tenue du stylo et du pinceau. En un mot tenue de l'outil qu'il a d'abord fallu fabriquer à l'aide de la main.
Depuis le poing du boxeur à la main de l'aveugle qui tient la longue canne blanche, la main capte le monde ou assure sa survie. Mais le plus important dans la création artistique est son rôle central dans la maîtrise de la matière et l'agencement des signes qui en découlent. Dans la pulpe de la peau se cachent tous les capteurs de notre sensibilité. Infini chantier de sensations, d'émotions. Le musée de Cluny possède une collection de yads, ces mains pour aider la lecture des lignes de la Torah, en métal précieux. Dans ma collection d'objets il y a une droite fermée, en bois très léger, provenant d'un sarcophage égyptien, objet très émouvant.
un écrit inédit d'André-Pierre Arnal
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