Une peinture de vérité
par Jean-Luc Chalumeau
Né en 1966, formé à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, Fred Kleinberg est un peintre expressionniste qui a nourri son œuvre à partir de ses résidences à travers le monde (Pondichery, Moscou, Rome en particulier). Il a multiplié les expositions en France et à l’étranger depuis 1985, et apparaît aujourd’hui dans une maturité impressionnante. Il me semble que sa peinture est une peinture de vérité, parce qu’elle est vraie à trois niveaux : par rapport à elle-même, par rapport à l’artiste, et par rapport à son contenu.
Un tableau de Fred Kleinberg répond par avance à tous les « pourquoi », étant entendu que la réponse ne saurait appartenir à l’ordre de l’entendement : c’est dans le sensible qu’il nous plonge et c’est à un acquiescement du corps qu’il invite, aussi bien dans les récents paysages (Fluidité) et dans les non moins récentes figures (Intimis) que dans ses compositions plus anciennes, éventuellement inspirées par des événements terribles dont il a été le témoin (Tsunami). La forme est sûre et juste : on est d’autant plus sensible à cette vérité de la peinture venue de la rigueur du sensible que l’on perçoit aussi une vérité par rapport à l’artiste.
Il semble en effet que Fred Kleinberg travaille sous l’emprise de deux nécessités, l’une d’ordre technique et l’autre d’ordre quasi spirituel. On ressent fortement, devant ces grandes compositions expressionnistes, que, pour le peintre, faire et être sont une seule et même chose.
Enfin, les tableaux de Kleinberg contiennent une troisième vérité : celle de leur contenu. L’artiste ne parle que de ce qui le concerne dans le monde, il n’a rien à démontrer mais il a à montrer ce qui ne peut être décrit. La rage de peindre, cela existe !
Une rage telle que les tableaux de Fred Kleinberg apportent une signification avant les signes, offrent un monde avant les choses. Oui, décidément, une peinture de vérité comme il en est peu d’exemples aujourd’hui.