Entretien
entre Paul Ardenne et Dominique Renson
Paul Ardenne : Comment te qualifierais-tu, en tant qu’artiste ?
Dominique Renson : Je travaille sur la représentation de la figure humaine. Je réalise une œuvre exigeante, que certains peuvent à bon droit considérer comme un peu difficile, non d’office impliquée dans ce que certains appellent l’ « art contemporain ».
Ta constance est la fixation sur la figure humaine. Mais pas n’importe laquelle…
Oui. Celle des amis. Dans la perspective, aussi, de l’autobiographie. Récemment, je travaillais sur le thème de la Cène. J’ai fait poser mes amis, qui sont les douze apôtres et le Christ. Dans chacune de mes images il y a un concept, une scénographie. Pour cette série, j’ai recherché l’image d’un Christ non conventionnelle. J’imagine une mise en scène en faisant poser mes modèles, bien souvent toujours les mêmes. Pour ma série Cérémonie, j’ai fait poser mes modèles sur un banc récupéré dans une église proche de mon atelier. Le critère de mon choix des modèles ? L’amitié mais aussi des êtres qui ont quelque chose de particulier… Des gens dans lesquels je peux me glisser, avec l’image desquels je peux dresser une sorte d’autoportrait. Des personnes habitées, toujours.
Par quoi, et comment ?
Ils émettent comme des signes, des forces que je peux reconnaître. Jusqu’à ce que je leur demande : « Est-ce que je peux vous peindre ? » Cela paraît toujours un peu terrible, ringard. Mais les gens sont flattés de cette demande, pour finir… Alima Davi par exemple. Je l’ai rencontré quand il avait vingt ans. Il était déjà très snob quand je l’ai rencontré. Il m’a dit : soit, mais il faut que je voie un peu ce que vous faites… Je me suis présentée. Il a vu mon travail exposé à la chapelle de la Salpêtrière et il a accepté alors de poser comme je voulais, y compris nu. Mes modèles : oui il y a les concernant une récurrence. Lui, je l’ai pris pour de multiples séries : la Fayoum, les Chambres de sexe…
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