Un présent vivant pour toujours
par Jean-Luc Chalumeau
Eric Théret est de ces sculpteurs, pas si nombreux aujourd’hui, qui travaillent la pierre en faisant mentir un propos hasardeux de Jean-Paul Sartre (dans Situations III) selon lequel « l’éternité de la pierre est synonyme d’inertie : c’est un présent figé pour toujours. » Les œuvres de Théret sont tout ce que l’on veut, mais pas inertes. Cet artiste internationalement reconnu, qui a notamment reçu en 2016 le Grand Prix de la créativité décerné par l’institut national chinois de la sculpture (Shangaï) a le don d’infuser de la vie au granit noir d’Inde ou d’Afrique du Sud, de métamorphoser la diabase de Suède. Ecoutons-le : « la sculpture, c’est du dessin, c’est aussi le volume dans l’espace. Ce sont des fondamentaux de la sculpture et de l’architecture. Je suis un sculpteur du monumental, mais ce sont dans les petites sculptures et le dessin que l’on cherche et trouve. Je pars en carrières pour trouver mes blocs, ce sont des mondes fantastiques… Certaines sont de véritables cathédrales. Qu’elles se trouvent en Bretagne, en Suède pour la Diabase noire, ou partout ailleurs sur le globe… Un univers envoûtant… Le merveilleux des blocs, des volumes, de la matière… Là, tout est possible, la réalité devient irréelle. L’irréalité devient réalité… ». Déjà dans la carrière, Théret a éprouvé le potentiel dynamique des blocs qu’il a choisi. Sous son ciseau, va advenir un présent vivant pour toujours.