ID : 168
N°Verso : 114
L'artiste du mois : Sergio Birga
Titre : Un post-moderne atypique, un irréductible romantique
Auteur(s) : par Robert Bonaccorsi
Date : 09/01/2019



Url : birga.pagesperso-orange.fr

Un post-moderne atypique, un irréductible romantique
par Robert Bonaccorsi

En 1960, Sergio Birga réalise plusieurs petits formats intitulés Promenades expressionnistes. Il a vingt ans, vit à Florence et a choisi de se consacrer à la peinture en lieu et place d’un poste de géomètre. Dans cette période de formation intense et passionnée, les visites des musées s’accompagnent de randonnées dans la campagne toscane. Il découvre l’expressionnisme et la « Nouvelle objectivité » (Neue Sachlichkeit), son prolongement critique. La cohérence de son parcours s’esquisse puis s’affirme très vite dans des œuvres maîtrisées qui s’éloignent déjà des sentiers balisés. Il rencontre ses maîtres (Otto Dix, Erich Heckel, Ludwig Meidner, Oskar Kokoschka, Conrad Félixmüller), échange avec eux conseils et expériences. Il a trouvé ses références et s’inscrit en toute connaissance de cause dans la logique de l’expressionnisme (il tentera avec quelques amis peintres de créer, dès 1959, la « Nuova Brücke »), non comme un épigone tardif ou un surgeon incongru mais dans la vérité d’un disciple créatif.
Dès l’origine, Birga ne se définit pas par le refus des courants esthétiques dominants (des modes en d’autres termes), sa démarche n’est pas « contre » mais « à côté » dans une dimension personnelle qui avoue ses sources. Pour autant, la tour d’ivoire n’est pas de mise. Son installation à Paris en 1965 le conduit à s’engager dans les différents Salons de la Jeune Peinture, avec des œuvres résolument critiques qui prennent souvent la forme de manifestes sociaux et politiques (Totentanz, La Grande Société, le Président, 1967). Il intervient souvent de façon collective aux côtés de Buraglio, Arroyo, Aillaud, Fromanger, Cueco, Messac, Morteyrol… Ses dessins, caricatures, gravures (Front Culturel, mai 1970), peintures se distinguent par leur originalité aux antipodes du formalisme narratif ou pop. Ici, point d’aplat, de document recyclé, de montage, de collage mais des interventions âpres, cruelles, où l’engagement personnel, presque affectif, se trouve intrinsèquement confondu dans le projet pictural. Je garde un souvenir très vif de certaines sérigraphies, le plus souvent anonymes, qui se signalaient par leur robustesse, leur vigueur et dont l’évidente singularité s’inscrivait dans l’œil, la mémoire et le cœur.

 

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