Catherine Lopes-Curval,
loin de l'enfance
par Jean-Luc Chalumeau
En 2016, Catherine Lopes-Curval présentait dans le bel Espace des Femmes de la rue Jacob à Paris sa délicieuse et émouvante série
Autrement dit, il s’agit des plages du débarquement qui furent les lieux de ses jeux de l’enfance, avec, au centre, sa ville natale de Bayeux dont elle veut célébrer aussi le magnifique platane planté en 1795, « arbre de la liberté » qui jouxte toujours la cathédrale. Elle aime marcher dans les falaises au-dessus des plages, en saisir les nuances colorées selon les saisons. Ainsi, elle peut se trouver en été au bas d’une falaise herbeuse qui lui offre diverses modulations de vert. Mais en levant les yeux, elle aperçoit un monstre tapi au sommet : une de ces casemates laissées par les allemands, qui semble guetter encore des proies à détruire. C’est ce saisissant contraste qui l’a inspirée dans
Ainsi, une fois de plus, comme au temps où elle nous parlait de son Alice, certes inspirée de Lewis Carroll, mais découvrant un monde chaotique, Catherine Lopes-Curval affirme son incomparable talent de peintre. Ses tableaux ne sont pas seulement des ensembles de représentations d’objets vus autour d’elle : ils obéissent à un principe supérieur d’unité parce que ce sont des objets esthétique en tant qu’ils sont capables d’expression. C’est-à-dire qu’ils signifient non seulement en représentant, mais à travers ce qu’ils représentent, en produisant sur le spectateur une certaine impression, en manifestant une certaine qualité dont les mots ne peuvent rendre compte, mais qui se transmet en éveillant un sentiment : celui que l’on éprouve quand on est confronté à un art accompli.
Catherine Lopes-Curval