ID : 32
N°Verso : 65
Les Artistes et les Expos
Titre : Auguste Chabaud, un artiste oublié...
Auteur(s) : par Gérard-Georges Lemaire
Date : 12/10/2012


« Chabaud, fauve et expressionniste, 1900/1914 », musée Paul Valéry, Sète, jusqu’au 28 octobre 2012. Catalogue : par Maïté Vallès-Bled avec une contribution d’Itzhak Goldberg, Au fil du temps, 300 p., 39 €.

Auguste Chabaud, un artiste oublié...
par Gérard-Georges Lemaire

Cette exposition est exemplaire : l’été, nous sommes sempiternellement invités à visiter des expositions mineures de grands artistes. Kisling, au musée de Lodève, avait été une exception de poids !

Sans doute, l’exposition de Juan Gris présentée l’an dernier au musée de Sète avait été une réussite, malgré les moyens limités d’un musée de province. Mais je dois dire que je préfère mille fois découvrir l’œuvre d’Auguste Chabaud (1882-1955) que je connaissais si mal. Depuis 1992 existe un musée régional Auguste Chabaud, mais nul n’en parle ! Comme beaucoup d’artistes qui ne sont pas considérés comme étant majeurs, ils ont été expulsé de l’histoire de l’art (une histoire fabriquée, donc artificielle et fallacieuse) ou relégués dans les placards du régionalisme. C’est une vision des choses déplorable car Chabaud a eu de grandes intuitions picturales, qui n’ont pas eu de suite immédiate en France. Les Français n’ont pas connu l’art expressionniste allemand à cause de l’antagonisme de principe et de l’esprit revanchard qui a régné depuis la défaite de 1870. Une autre guerre était en préparation qui quasiment personne n’a vu Die Brücke ou Der Blau Reiter.

Chabaud en en venu à élaborer un style qu’on peut (rapidement) qualifier d’ »expressionniste » par son seul tempérament et par le cours des idées esthétiques qui s’imposaient à Paris où il séjourne après avoir achevé ses études à l’Ecole des Beaux-arts d’Avignon. Il est admis à l’Ecole nationale des Beaux-arts à Paris, fréquente l’Académie Julian et à l’Académie Carrière. Il doit rentrer dans le Midi à cause de la grave crise vinicole que le Languedoc traverse. Il doit travailler et s’enrôle dans la marine marchande. En 1903, il doit faire son service militaire en Tunisie. Il ne rentre qu’à l’automne 1906. Il part aussitot pour Paris. Mais il arrive trop tard pour participer à l’aventure des fauves bien qu’il se soit lié d’amitié avec Matisse et Derain pendant ses études. Il participe au Salon des Indépendants en 1907 et présente sa première exposition personnelle l’année suivante. A cette date, il a déjà affirmé sa « manière » : des oppositions violentes de rouge et de noir, des traits très accentués, un réalisme poussé jusqu’à l’extrême. Il y a chez lui un peu de Toulouse-Lautrec, un peu de Rouault, bien sûr quelque chose de « fauve ». Mais sa personnalité est d’ores et déjà bien définie. Son Bord de mer (1907) rappelle encore le dessin très simplifié et froid de Vallotton alors que Son Remorqueur au quai de Bercy (1907-1908) est assez loin de Matisse et de Marquet, même si certaines caractéristiques sont communes. Sa palette est réduite (en gros : du gris, du blanc, du brun et du rouge) et son dessin est plus lourd. Il est plus proche de Van Gogh dans sa jeunesse que de Claude Monet ou même de Millet.

 

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