ID : 35
N°Verso : 65
La chronique d'Amélie Adamo
Titre : « La figure se porte bien, merci. »
Auteur(s) : par Amélie Adamo
Date : 12/10/2012



A voir : « Les usages démocratiques », galerie Detais, 75009, du 12 septembre au 6 octobre 2012

« La figure se porte bien, merci. »
par Amélie Adamo

Petite escapade parisienne aujourd’hui, du côté de Notre-Dame-de-Lorette. Les amoureux de la Figuration narrative connaissent sans doute la galerie Detais. Au fond d’une charmante cour pavée, sertie d’un délicieux jardin, cette maisonnée brûle d’un éclat chaleureux qui contraste fort avec la pâleur froide des white cubes et autres boites-à-contemporain aseptisées. Ce qu’elle abrite est d’autant plus précieux : une identité. Héritage partiel de ce que fut le goût du collectionneur et galeriste Georges Detais. Ce dernier est connu pour le lien solide qu’il n’a cessé de tisser, depuis les années 1960, avec les figures pionnières de la figuration narrative, tels Cueco, Arroyo, Rancillac, Klasen, Schlosser, Monory ou Stämpfli.

Aujourd’hui, bien qu’ayant changé de gérance, la galerie perpétue cet ancrage figuratif. Parmi les expositions récemment organisées : en novembre dernier, les Carabaniers. Elle réunissait Arroyo, Aillaud et Rancillac. L’accrochage a été accompagné d’un très beau catalogue, original dans la mise en page et surtout pertinent dans la qualité des textes. C’est là un aspect singulier, que l’on peut saluer, car assez rare à présent dans l’univers des galeries. En octobre, Bernard Rancillac sera à nouveau présenté. Avec « C’est quoi m’man la mondialisation ? », il expose ses récents travaux dont le fond n’a rien perdu de son souffle contestataire. Mais la galerie ne se limite pas à cette assise historique. Elle entend aussi s’ouvrir à d’autres générations, curieuse et attentive à ce qui se passe aujourd’hui en matière de nouvelle figuration…

Pour la rentrée, c’est Nicolas Crouïgneau qui ouvre le bal, avec ses « usages démocratiques ». Faite d’espaces cloisonnés et incertains, de perspectives contrariées, d’une ambigüité et fragmentation de la narration, cette peinture ouvre l’œil sur l’individu face aux réalités sociales ou intimistes. Prostitution et exhibitionnisme du corps politique, aliénation et désindividualisation de l’un dans la masse, sadisme du jeu érotique. Cette peinture ? C’est un foulard rouge qui s’enroule autour des codes moraux et enserre la gorge du Pouvoir bien pensant. Jusqu’à Exulter. D’intériorité.

 




 
 
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