La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire
Prologue : La prodigieuse aventure de l’écriture et de l’imprimerie.
Histoire de l’écriture, sous la direction d’Anne-Marie Christin, Flammarion, 414 p., 35 €
La réédition du livre dirigé par Anne-Marie Christian s’imposait. Il faut le dire : c’est le meilleur ouvrage jamais fait sur la question. C’est un ouvrage de référence incontournable, une approche riche et parfois surprenante des différents types d’écriture dans le temps et aussi l’histoire de différentes histoires qui ont conduit au caractère latin, cyrilliques ou pictographiques, sans parler de toutes les formes primitives ou modernes qui ont échappé à ces normes. Les articles sont complets, souvent passionnants mais aussi d’une grande limpidité. Il n’est que de lire celui de Pascal Griolet sur la calligraphie japonais - un modèle du genre. Et il est complété par l’essai de Jean-Pierre Drège « Imprimerie et reproduction de l’écrit en Extrême-Orient » et par celui sur la presse japonaise de Cécile Sakai. Le grand mérite de ces études est de ne pas exclusivement considérer un point de vue évolutif (indispensable, certes), mais aussi de mettre en évidence des particularités et même de mettre l’accent sur des questions négligées ou considérées comme subalternes. Par exemple, « L’Ecriture dans l’image » de Jacqueline Pigeot et « Des images en écriture » de Marianne Simon-Oikava révèlent comment l’écriture s’est imposé au sein de l’art nippon. On regrettera sans doute que, dans les écritures arabes, on n’ait pas plus parlé de la calligraphie figurative (il est rapidement question de la monographie coranique). Mais dans une entreprise de cette ampleur tout ne peut être dit. La troisième partie montre des questions transversales, comme l’écriture des écrivains (Flaubert et Queneau sont pris en exemple), la typographie bien sûr, mais aussi les poésies qui utilisent des modes typographiques. L’Histoire de l’écriture doit être la bible de tous ceux qui aiment la littérature et considèrent la langue un peu plus qu’un outil.
L’Imprimerie en Chine, Thomas Francis Cartier, Imprimerie nationale, 320 p., 25 €.
L’intérêt de l’important ouvrage de T. F. Cartier (publié pour la première fois en 1925) est non seulement de nous introduire à l’invention de l’imprimerie et ses caractères spécifiques dans l’Empire du Milieu, mais aussi de nous montrer ce qu’elle a de différent par rapport à l’imprimerie telle qu’elle est apparue en Europe avec Gutenberg. Si l’auteur se montre d’une grande précision dans l’établissement d’une chronologie des faits en ce qui concerne les diverses techniques, il met l’accent sur l’extraordinaire diversité introduite dans les techniques, avec un raffinement et une sophistication difficiles à imaginer pour un Occidental, mais aussi en mettant en valeur les manières de traiter les caractères et de les restituer sur le papier, qui, à son tour, joue un rôle de premier plan. Il a également étudié avec soin l’originalité de l’imprimerie en Corée. Aujourd’hui, une polémique a été introduite car les Coréens revendiquent l’invention de l’impression. C’est un livre savant, exhaustif pour l’époque, mais aussi d’une lecture aisée et d’une grande limpidité. Nul n’a besoin d’avoir passer des années dans une imprimerie ancienne ou d’avoir suivi des cours de chinois ancien aux Langues Orientales pour le suivre et pour comprendre comment l’imprimerie est née et a pu connaître un tel essor en Orient.
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