La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire
La postérité de Sade, Jean-Claude Hauc, Edilivre, 166 p., 19 €.
Jean-Claude Hauc s’est fait une bonne réputation comme « dixhuitièmiste » (son dernier livre sur les châteaux de Sade aux Editions de Paris l’a confirmé une fois de plus). Mais il est aussi romancier, et un romancier de qualité. Avec la Postérité de Sade, il nous entraîne dans une aventure qui a toutes les apparences d’un roman policier. Nous faisons connaissance avec le professeur Lenoir lorsqu’il fait une conférence au château de Lacoste. A ce moment-là, il recherche le crâne du marquis de Sade qui avait été remis au phrénologue Franz-Josef Gall en 1808 qui, à son tour, le confia à un de ses élèves, le docteur Johann Gaspar Spurzheum. Il avait aussi fait exécuter des moulages. Lenoir est sur la trace de ce crâne depuis disparu alors que de moulages ont été retrouvés. Il s’est liée avec Marie-Angélique, une jeune admiratrice devenue sa maîtresse. Il s’intéresse de près à celui qu’on appelle le « mutilateur » car il découpe un petit morceau d’un tableau célèbre et la police ne parvient pas à lui mettre la main dessus. C’est alors que les événements se précipitent : Marie-Angélique est égorgée et il porte ses soupçons sur le club des sadiens. Et il retrouve le crâne tant convoité à la faculté de médecine. Cette découverte lui vaut la mort. Nous suivons ensuite deux amies, Justine et Sarah, qui vont se lancer dans une équipée sauvage en France puis en Italie, pour refaire le mieux possible le voyage accompli par Sade. Chemin faisant, elle séduisent des hommes, les égorgent et leur tranchent les organes génitaux. C’est ce qui arriva au père jésuite Ricci à Rome. Et à beaucoup d’autres hommes qui leur ont donné du plaisir à revendre. L’histoire se conclue par l’exécution de Sarah, qui a la tête tranchée. Justine s’empare de sa tête et la remplace par le précieux crâne de Sade. L’histoire est ébouriffée. Mais l’auteur a su allier un sens du récit avec une pointe d’ironie et même d’humour (noir, forcément). C’est un livre que l’on dévore avec une étrange frénésie, à l’image des personnages qui y jouent des jeux très dangereux.
Tous les diamants du ciel, Claro, Actes Sud, 254 p., 20 €.
C’est un roman qui débute de manière flamboyante : la description des événements survenus à Pont-Saint-Esprit en 1951 – un empoisonnement par le pain – en fait, par l’ergot de seigle - provoquant hallucinations et délires, ce qu’on appelé l’ergotisme – est magistrale. Tout ce qui concerne cet événement et tout ce qui s’y rattache est dépeint avec une maestria incomparable. Il y a de la recherche et de l’invention, du souffle, une originalité profonde. Mais, après le tableau du « mal des ardents » du Moyen Age, l’histoire liée au LSD découvert par le célèbre chimiste Albert Hoffman qui se déroule essentiellement entre New York et Paris est un peu décevant. L’histoire de Lucy Diamond et d’Antoine, l‘ancien apprenti boulanger de Pont-Saint-Esprit, malgré un rythme époustouflant et une navigation effrénée dans l’espace temps (au sens figuré comme au sens propre) n’est pas excitante. Vraiment, l’auteur est passé à côté de son œuvre avec du talent et des idées sortant de l’ordinaire. Au fond, il y a deux livres dans ce livre, et la partie la plus belle est malheureusement la plus courte.
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