Entretien avec Benjamin -
par Daphné Brottet
Daphné :
Vous agissez dans l'art contemporain en tant que peintre. Votre peinture montre de nombreuses références à celle appartenant à l'Histoire de l'art.Benjamin :
Pour moi, toute la peinture est contemporaine. Nous parlions, en aparté, du Radeau de la Méduse. Et bien, pour moi, ce tableau est tout aussi contemporain que les projets actuels. La contemporanéité n'est pas une affaire de datation.
Daphné :
La peinture comme moyen d'expression artistique vous est-elle apparue comme une évidence?
Benjamin :
Non, c'est plutôt l'inverse. Au départ j'étais plutôt attiré par le monde de l'écriture, de la musique, de la
danse. Au début des années 80, j'étais attiré, et, je dirais même, porté par les arts "des tréteaux" et la
musique; plus que la peinture en tant que telle. J'avais beaucoup plus d'amis interprètes. Puis, lorsque
j'ai abordé, vraiment, l'univers de la peinture, je ne réussissais plus à m'intéresser à toutes les autres
pratiques artistiques. La peinture que je voyais au Louvre, par exemple, était construite, pour moi,
comme une phrase. Et ce n'est que 10 ans après, vers 1992, que je me suis intéressé davantage à la
peinture. A ce moment-là, pendant deux-trois ans, je ne pouvais plus aller au théâtre, ou lire des
romans. Je pouvais encore écouter des concerts mais le théâtre, ce n'était plus possible.
Daphné :
C'est-à-dire que la peinture a pris toute la place dans votre vie. Audio et visuelle?
Benjamin :
En quelque sorte oui. Cependant, ça ne s'est passé du jour au lendemain. Lorsque je me suis mis à
découvrir La peinture, je ne pouvais pas me consacrer à autre chose. Rapidement, je ne me
consacrais qu'à la peinture. Je me suis fait happer. Quant au théâtre, il y a eu un effondrement. Je ne
peux plus rester dans une salle de théâtre très longtemps. Je me sens prisonnier du temps qui est
déterminé par la pièce.
Daphné :
Le cadre temporel qui vous est imposé par la pièce de théâtre ne vous convient plus? Ainsi que dans
l'espace. Vous le viviez comme une contrainte? Comme un resserrage physique.
Benjamin :
Oui et qui m'est insupportable. Sans parler de toutes les choses qui se font actuellement qui
m'agacent de plus en plus.
En revanche, je ne vis pas du tout cela pour un concert. Je peux aller dans les salles de spectacle
pour voir et assister à l'oeuvre sonore. Pour voir les gens dans l'ombre, la nuit. Personne ne parle.
Cette atmosphère m'attire.
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- Entretien avec Benjamin -
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