Une biennale pour l'architecture
par Giancarlo Pagliasso
Le titre de la manifestation est Commun Ground. C’est, sans équivoque, comme l’indique d’ailleurs le directeur dans le catalogue, une orientation « vers une thématique concernant la continuité, le contexte et la mémoire, vers des influences et des expectatives partagées » [1]. De toute évidence les réponses ne sont pas uniformes et réductibles à un contexte unique d’interprétation dans leur spécificité. Par conséquent, le « point commun » est compris plus dans les termes d’une constellation de paramètres de références en général acceptées par presque tous les architectes et les artistes de l’exposition plus que dans le respect d’une axiologie.
En tout cas, le metteur en scène de la cohésion informe, à l’entrée de l’Arsenal de Venise, de quel timbre doit résonner l’exposition même dans la présentation des interventions des participants et, en parallèle, présente les différentes nuances grâce auxquelles elle s’articule : des thèmes communs développés dans des lieux divers ou dans un contexte unique, de la confrontation avec le passé et l’histoire, du rapport avec l’usage et l’espace public anonyme en contraposition dynamique avec l’évolution plus sophistiquée de la recherche architecturale en soi.
Une bonne partie des projets présentés dans les Corderies se relient tous et par rapport à la tradition architecturale et à son histoire et par rapport à la dimension de l’urbanisme (qui intéresse aussi la ville qui abrite cet événement) : Roger Burghardt montre le modèle de son Denkmal für die Moderne, comme hommage au modernisme architectural : « Le bâtiment est la résultante d’un assemblage […] d’éléments extrapolés de constructions identitaires, mais reflétant une pluralité de voix et de points de vue historiques. L’architecte l’a pensé pour qu’il reste inutilisé sur la Schlossplatz de Berlin (après la démolition du Palast der Republik, symbole de la DDR), qui avait remplacé auparavant le Berlinder Stadtschloss (le palais des Hohenzollern, symbole de la domination prussienne et détruit à la fin de la dernière guerre). Case Studio Vogt, ETH Zürich avec son apparence extérieur identique, à l’inverse, ont reconstruit une version abstraite du kiosque à journaux vénitien qui dialogue avec son double réel, au croisement entre la Via Garibaldi et la Riva dei Sette Martiri, où il étudie (avec des étudiants de l’université IUVA) sur la perception et l’ »utilisation », par les habitants modernes et des touristes des espaces publiques à Venise. Les résultats, cartes postales, plans, journaux et revues, seront à la disposition de tous au dans un échange culturel généralisé, qui se poursuit tout le long de la Biennale dans le vrai kiosque, comme lieu de rassemblement, et dans celui de l’Arsenal pour les visiteurs de l’exposition. A ces présences s’ajoute les photographies de Thomas Struth, dont la rigueur de la composition sous-tend l’intérêt de l’artiste pour l’architecture comme dimension participant à la mémoire collective et au souvenir personnel.
[1] D. Chipperfield, Common Ground, catalogue de la Biennale d’Archittetura 2012, Venise, Marsilio Editore, p. 14.
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