Lucrezia di Domizio Durini, l'égérie de l'art contemporain
par Gérard-Georges Lemaire
Elle a été et demeure l’une des grandes figures de l’art en Italie. Lucrezia Di Domizio Durini s’est d’abord imposée comme l’ami intime de Joseph Beuys, qui a vécu dans sa propriété de Bolognano les dernières années de sa vie. Elle écrit depuis le début des années 80 près de trente ouvrages sur le grand artiste allemand. Mais sa vie n’a pas tourné qu’autour de ce personnage légendaire. Elle a connu tous les artistes de l’Arte povera et s’est lié avec des créateurs en dehors de tous les courants possibles de Marco Bagnoli à Umberto Mariani. Et aujourd’hui, elle s’attache à défendre de jeunes artistes, comme Nathalie Brault ou Estelle Courtois. Elle entretient aussi des relations privilégiées avec le monde de la musique. Elle a participé récemment à une série de manifestations commémorant le centenaire de John Cage avec l’artiste Pimenta, et des compositeurs actuels tels Gasslin et Marco Rappatoni collaborent souvent aux événements qu’elle organise en Italie, surtout à Bolognano, devenu un lieu mythique, mais aussi ailleurs dans le monde, comme à la maison d’Italie de la Cité universitaire de Paris.
Elle publie cette année son autobiographie chez Mondadori. Elle l’a intitulée Perché ? (Pourquoi ?).
J’ai pensé que c’était le moment de faire le point de sa trajectoire peu commune.
Gérard-Georges Lemaire : Pour commencer par quelque chose de spectaculaire, je voudrais parler de la très importante donation que vous avez faite à la Kunsthaus de Zurich. Une exposition de cette donation a occupé mille mètres carrés de ce musée. Quelle en est l’histoire ?
Lucezia Di Domizio Durini : Après le différend juridique avec le château de Rivoli, qui a commencé en 1992 et quia duré septe ans, j’ai décidé de donner Olivestone, la grande œuvre de Beuys qui a été l’objet de cette querelle, au Kunsthaus de Zurich. J’ai travaillé en ligne directe avec le maître allemand pendant les quinze dernières années de sa vie, e, particulier avec l’événement Difesa della Natura qui a connu un grand retentissement dans le monde de l’art. Après la disparition de ce dernier, j’ai diffusé sa philosophie, la fameuse idée de la Living Sculpture en utilisant tous les moyens imaginables : expositions dans les musées de tous les pays, conférences, direction de thèses et stages dans les écoles des Beaux-arts et dans les universités, biennales, donations plantations de chênes, publications et cela sans désirer gagner de l’argent. J’ai eu l’envie de faire une grande exposition anthologique dans cinq musées italiens de l’opération Difesa della natura. Mais je n’ai rencontré que des refus, même de la part de l’Etat italien quand j’ai voulu faire don de tout ce que je possédais de Beuys dans ma collection. Le 12 et le 13 mai 2011, avec la collaboration de Tobia Bezzola, furent journée historiques avec l’exposition Difesa della nature : j’ai offert 300 œuvres à la Kunsthaus de Zurich. En juin, je me suis installée à Paris, où je vis et travaille.
Beuys a beaucoup aimé l’Italie : c’est le pays où il a le plus séjourné. Mais l’Italie n’a pas su l’aimer en retour.
1 2 3 4 5 suite
- Tyszblat ou l'équilibre instable
par Jean-Luc Chalumeau - Tyszblat, repères biographiques
- Le défi du Jazz
par Francis Hofstein