ID : 90
N°Verso : 68
Les Artistes et les Expos
Titre : Fabian Marcaccio : la mutation de la peinture
Auteur(s) : par Giancarlo Pagliasso
Date : 24/07/2013


Traduit de l’italien par Gérard-Georges Lemaire

Fabian Marcaccio : la mutation de la peinture
par Giancarlo Pagliasso

L’exposition de Fabian Marcaccio, “Loveless : Variant Paintants » à la galerie Jérôme Zodo de Milan, a été l’occasion, ce printemps, de prendre la mesure de l’évolution de son travail dans le filon de recherché aux limites de ses possibilités, où jouent la fluidité, la dynamique et la plasticité.
         L’artiste américain d’origine argentine signe ici un nouvelle orientation radicale de sa poétique composite et la redéfinit donc. Présent dans le monde de l’art depuis les années 80, il est l’héritier le plus coherent de l’approche “ deconstructive » inaugurée par Jonathan Lasker et, diversement des autres artistes utilisant les seules deux dimensions de cette tendance - Lydia Dona et Shirley Kaneda - avec les Paintants, il a amené la figuration à deux dimensions à englober la troisième dimension de la sculpture et le caractère transitoire de la video.
         En plus des sculpteurs parmi les Paintants, on peut voir dans cette exposition This Jut Out Paintant (2009), This Just In Paintant (2009) et Paint Fuck Film Kil Itself Paintant (2011), qui montrent des figures à la Cronenberg dans l’acte de cracher de la couleur ou de se « suicider » en se tirant dans la bouche ou au en train de se filmer soi-même alors qu’ils se condensent sous l’espèce de carcasses semiorganiques, il y a des exemplaires plus récents, assembles avec des cordes de différents usages, colorées avec de la peinture alcaline et de silicone sur des chassis en bois.
         Ces structures bidimensionnelles, « pictoplastiques » pourrais-je dire, font référence en general à la figure humaine dans le sens de sa finitude. Nous avons en effet là une allusion à la problématique « chatoyante » de l’identité dans Mirror (2013), un tableau de 180 x 155 cm, où la forme décomposée d’un portrait s’effrite sous trois épais coups de pinceau de silicone vert bleu sur la surface réticulaire, obtenue par l’entrecroisement de cordes d’emballage, qui remplace le support traditionnel de la toile. Avec In Vitro Transfer (The New Origin of the World, 2002), un autre grand travail (quasiment un bas-relief de 188 x 155 x 13 cm) fait avec des cordes d’escalade, mais aux tonalités chaudes et « épidermiques », où la citation de Courbet surplombe une scène confuse d’insémination artificielle ; dans Corpse, Pannel Paintants (2011), d’autre part, la grille de cordes où affleurent des restes humains est imprimée sur une toile teinte avec des pigments, de l’encre et de l’acylique.
         Le theme du cadavre, plus que les autres dans la procedure vertigineuse de la decomposition, est le sujet de la video Corpse : Animation Paintant (2011) et est aussi present dans un petit tableau intituled Hitman (2012) qui a des cordages comme support : le visage d’un homme déformé par l’empâtement de silicone et de peinture. La série avec les cordes se conclue par une autre œuvre volumineuse, Global Flag (2012), sur laquelle trône le mot « Fortune » écrit en noir, suivi du chiffre 500 en rouge (155 x 188 x 13 cm). C’est une réference provocatrice à la liste des 500 entreprises les plus riches des Etats-Unis qui est publiée par la revue Fortune tous les ans. Si ce n’est pas une déononciation à proprement parler, c’est implicitement un appel à la vigilance morale et civile ou à l’interprétation sociale des événements économiques et politiques que l’œuvre véhicule.

 

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