La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire
Du masque au visage, Françoise Frontini-Ducroux, « Champs Arts Flammarion, 352 p., 12 €.
Le masque, dans la civilisation grecque antique, a joué un rôle essentiel, non seulement dans le théâtre, mais aussi dans l’art. Dans cette précieuse étude, Françoise Frontini-Ducroux nous explique quelle a été l’évolution de la représentation du visage dans l’art grec. Evidemment, elle ne peut prendre pour modèle que la sculpture et la peinture sur les vases car toutes les peintures ont, elles, disparu. Elle montre la lente et complexe évolutions des archétypes jusqu’à l’expression de sentiments subtiles, comment les types humains se sont définis et affinés au cours du temps. C’est un travail minutieux, de bénédictine, mais qui est passionnant car on passe ainsi de la période archaïque à la période classique en examinant toutes les solutions qui ont pu être envisagées dans ce domaine accompagnées de nombreux exemples visuels. De plus, l’auteur nous fait comprendre de quelle façon les Grecs se représentaient, comme figure humaine, mais aussi comme figure sociale, politique, culturelle. Enfin, elle montre que tout ne s’est pas joué comme l’a écrit Winckelmann et que la caricature a eu son rôle à jouer, tout comme la traduction grotesque des traits ou des mimiques. C’est un ouvrage essentiel, qui nous ouvre de nouveaux horizons sur l’art grec et sa civilisation, au-delà des stéréotypes en vigueur !
Picasso céramiste et la Méditerranée, Centre d’art des pénitents noirs d’Aubagne/Gallimard, 224 p., 35 €.
« Marseille capitale de la culture européenne » une triste aventure. Pour l’instant, exception faite de l’exposition Matta au musée Cantini. Picasso céramiste est l’expédient classique des manifestations estivales, quand on n’a pas d’autres de moyens financiers mais que l’on désire un grand nom pour attirer le chaland. Pablo Picasso n’a jamais prétendu être un grand céramiste -, d’ailleurs, dans la majorité des cas, il se contentait de peindre des vases, des plats, des pique-fleurs, les cruches, ou des fiasques faites par les artisans de Vallauris. On peut d’ailleurs s’interroger sur cette partie, secondaire certes, de l’œuvre de l’auteur de Guernica : rarement il s’est aussi peu appliqué à quelque chose. Ses peintures sont très médiocres et souvent la forme de l’objet lui sauve la mise. Les plats sont particulièrement hideux. Qu’il ait voulu faire ces décors pour sauver les artisans de Vallauris est une très belle chose. Mais pourquoi a-t-il pris la chose autant à la légère ? Il aurait pu faire des pièces qui auraient pu accompagner les peintures qu’il a créées pour son musée à Antibes. Non. La seule chose positive est qu’il a donné l’idée à d’autres artistes, qui ont fait une riche expérience dans ce domaine. Le catalogue est superbe et ne fait que mettre en relief a pauvreté des sujets peints par Picasso, des faunes dansants aux centaures !
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