La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire
I
ARTS PLASTIQUES
Le Livre d’or de la Bible, Chiara de Capoa & Stefano Zuffi, Hazan, 504 p., 29 €.
La Bible et le Nouveau Testament ont fourni une source inépuisable de l’iconographie de l’art occidental jusqu’à une date récente. C’est d’ailleurs sous une forme religieuse que les signes avant-coureurs de la Renaissance. Cet ouvrage est une sorte de dictionnaire où le néophyte peut à la fois comprendre les épisodes les plus significatifs (et les plus représentés aussi) de l’Ancien et du Nouveau Testament. C’est un ouvrage utile pour tous ceux qui n’ont pas une connaissance approfondie des textes sacrés ou qui ne sont pas en mesure d’interpréter une scène figurant sur un tableau vu dans un musée ou au cours d’une exposition. Si tout le monde a présent à l’esprit Abraham et Isaac, Moïse et Aaron, l’échelle de Jacob, qui peut raconter sans sourciller l’histoire de l’ânesse de Ballam, celle de Tobie. Les épisodes des Evangiles sont sans doute plus familiers que celui d’Héliodore chassé du temple que Delacroix a peint sur les murs de la chapelle des Saints-Anges à l’église Saint-Sulpice de Paris en 1861. Mais il existe différentes versions selon les saints apôtres et les peintres, bien que très respectueux des Ecritures ont introduit des nuances et des détails qui méritent parfois explication. En somme, ce gros volume est un excellent guide pour se retrouver dans les dédales de la peinture et de la sculpture religieuses et un outil pédagogique de premier plan car, croyant ou non, on se doit de connaître ce qui constitue l’un des piliers essentiels de notre civilisation.
Entretiens avec Sam Szafran, Alain Veinstein, Flammarion, 384 p.
La préface qu’Alain Veinstein, poète et romancier, mais encore et toujours homme de la radiophonie (il a été le créateur des Nuits magnétiques, entre autres), a écrite pour présenter ses entretiens avec Sam Szafran (né en 1934) est tout à fait passionnante. Il nous raconte une partie importante de sa vie à la radio et ce qu’un entretien peut signifier, avec les échecs possibles, les réticences ou même les refus de l’invité pressenti, les difficultés rencontrées. Il commence son dialogue avec Sam Safran en le faisant parler d’Alberto Giacometti et de ses rencontres avec le grand artiste disparu. Puis, lors d’une seconde séance, il en vient à sa propre manière de vivre la peinture. Et là, l’artiste ne craint pas de tout dire sur son existence à ses débuts et sur ses problèmes, en particulier avec la drogue. Alain Veinstein parvient peu à peu, au fil de ce long dialogue, à nous faire découvrir la personnalité, mais aussi les choix esthétiques de ce peintre qui s’est placé à contre-courant. C’est passionnant et le lecteur apprend une foule de choses sur le monde qu’il a connu pendant l’après-guerre. La simplicité de cette conversation n’a d’égale que sa fluidité et sa réelle consistance. Nul ne se paie de mots et ce n’est pas une conversation de salon en dépit de son ton léger et enjoué. En somme, en plus de la connaissance qu’il nous apporte sur un créateur bien éloigné des tendances de l’art contemporain (on pourrait même dire : « à rebours » !), on découvre dans ce livre un monde de l’art qui a aujourd’hui complètement disparu. C’est une « confession », mais sans complaisance ni excès dans un sens ou dans un autre : l’artiste reste pudique et conserve une légère distance avec sa création plastique. Qu’on apprécie ou non les compositions de Sam Szafran (Jean Clair est un de ses défenseurs les plus convaincus), on aura plaisir et intérêt à lire ces entretiens qui devraient être donné en modèle à tout apprenti journaliste !
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