Dossier Groborne

RAINBOW STONE

par Emmanuelle Etchecopar Etchart
Grâce à ses qualités propres, l’apport de la photographie réside ici dans sa capacité à révéler la part d’étrangeté que recèle une chose en train de se transformer et de s'altérer sous l'action de l'érosion. Elle en affirme d'autant plus son ancrage dans le réel et confirme ainsi sa présence au monde.

L’expression de Robert Groborne citée par Gilbert Lascault (3), « quelques objets arrêtés un moment dans leur perspective de destruction » s'appliquerait parfaitement pour décrire cet arrêt sur image photographique, nous dévoilant de minuscules modifications opérées par l’usure naturelle des choses selon d’infimes protocoles, invisibles à l’œil nu. L’effet général, visible quant à lui, abrite en fait une multitude de changements microscopiques parfois contradictoires entre eux voire opposés, causés par l’érosion, laquelle se révèle à son tour grande créatrice de formes. Là, les imperceptibles changements sont surpris par l’appareil et deviennent des mondes à eux seuls. Les objets, saisis en flagrant délit d'usure et figurant dans l'ouvrage cité plus haut, se retrouvent fixés par le polaroïd. Petits témoins temporels, ils inspireront de nouvelles formes exploitées par la suite en bronze à moins qu'ils n'apparaissent en ponctuation régulière et parallèle en complément d'une oeuvre déjà bien affirmée.

Robert Groborne poussé par une extrême sensibilité au temps, à sa durée, ses actions et ses traces, a utilisé l'outil photographique afin d'en retenir les effets visibles tout en en construisant en quelque sorte une mémoire.

mis en ligne le 28/12/2011

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