Dossier Groborne

RAINBOW STONE

par Emmanuelle Etchecopar Etchart
L'altération de cette écriture du journal perturbant sa lecture peut se rapprocher des effets de parasitage dus aux ambivalences et oppositions de formes comme de textures ou de structures que le Polaroïd a su capter.
La photographie trouve ainsi des équivalents à l'illisibilité du journal.
Robert Groborne photographie ces effets de brouillage en surprenant l’action de la buée sur une vitre en opacifiant sa surface, l’incidence d’une ombre rendant méconnaissable l’objet qu’elle accompagne, l’isolement d’un objet détaché de son contexte ou au contraire noyé dans son environnement ce qui en modifie l’échelle et en trouble la perception. Un autre type de brouillage consiste en la saturation de l’image par un effet d’accumulation ou d’agencement d’objets dont certains polaroïds pris lors des voyages au Japon en donnent de très bons exemples.

Un parallèle pourrait être dressé à partir d'une page du Journal illisible et d'un polaroïd montrant le lent travail de la mousse sur la pierre. Le sol paraît ainsi marqué d'une écriture naturelle produite par les implantations aléatoires de la flore. L'ambivalence consiste ici en la confusion créée par ce qui peut rappeler l'écriture humaine résultant pourtant de l'usure sporadique d'un élément végétal. L'ambiguïté du Polaroïd réside également dans le dialogue que semblent entretenir la pierre et la mousse et dans leur résistance l'un vis-à-vis de l'autre face à la menace de leur recouvrement ou de leur découvrement respectif. Ainsi le camouflage d'une matière par une autre est similaire à l'écriture saturée d'elle-même telle qu'elle existe dans le journal.

mis en ligne le 28/12/2011

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