Dossier Claude Jeanmart
BOUT À BOUT
(une autobiographie par fragments)

par Claude Jeanmart

mis en ligne le 18/04/2012
« Le travail conceptuel dans la peinture a eu ce très grand mérite d’essayer de redire que la peinture n’est pas la réalité, la peinture c’est une spéculation entre quelqu’un qui pratique et des matériaux qu’il utilise de façon à mettre en évidence une idée.
Aujourd’hui, un certain nombre de peintres se reposent le problème du sujet.
        Abstraction, Figuration, ce n’est pas le propos essentiel ; ce qui importe c’est d’arriver à une écriture personnelle revendiquée comme totalement à soi.        Il y a les peintres que je sens très proches de mes préoccupations, de mes pulsions et qui pourtant ont une production à première vue très éloignée. Ainsi comme Anselm Kiefer, Enzo Cucchi, Gérard Garouste, Jean-Charles Blais, Anne-Marie Pécheur et le foisonnement de la couleur, la liberté.
      La matière ? Il y a une matière très importante dans ma peinture, mais qui n’est pas en relief. Elle est dans la trace, dans les traces visibles de ce qui est peint, épongé, passé au chiffon, avec les doigts, avec le tube directement, avec les craies. « (Entretien, mai 1986)
La série des Pyramides, issue de la série des cinq cents dessins debout, s’est imposée après un entretien avec une amie psychanalyste. Un moment de vérité : «  pourquoi peindre ? » J’ai compris que « montrer, vendre ces objets transitionnels que peuvent être ces objets peints, c’est accomplir un geste libératoire tout autant qu’historique, c’est tenter de vivre chaque jour au présent et d’en accepter l’inconnu, le jamais vécu… C’est revenir au désir, à l’enfoui, au non verbalisable. La 1ère pyramide, je l’ai laissée venir sans esquisse, chose nouvelle pour moi. Les pochoirs furent découpés à la lame sans aucun temps de réflexion…J’ai dessiné sans aucune retenue, en prenant une technique très classique : le fusain. J’avais envie de sa noirceur, de son velouté. J’ai dû convenir que des fantasmes bien à moi étaient venus se nicher là, sans crier gare. La 3° pyramide , «  La loi et la pulsion », est un combat entre la nécessité du format de chaque dessin et de l’ensemble des 10 dessins d’une part et le désir violent d’un dessin débridé, n’existant que pour lui, d’autre part. Bien sûr, ce dualisme renvoie à mon propre dualisme :je suis attiré autant par l’ordre(ordre de la pensée, ordre matériel), par la propreté, la clarté, que par la violence des sentiments, l’explosion intérieure, l’expressionisme. » (1983)
Ont suivi les Géants fous et Madame Edwarda, d’après la nouvelle de Georges Bataille exposée à la BNF.

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