Dossier Claude Jeanmart
BOUT À BOUT
(une autobiographie par fragments)

par Claude Jeanmart

mis en ligne le 18/04/2012

Dans les travaux récents de la série Errance (à partir de VIII), je suis à la recherche d’espaces, de plongeons dans un vide sans horizon, sans ligne de fuite ; ceci n’empêche pas qu’on puisse percevoir un premier plan où défilent devant nous des signes, des formes, certaines semblant anthropomorphes, puis un lointain, et des lieux sombres, et des zones de lumières. Un déroulement dans le temps se perçoit progressivement, presque subrepticement, sans qu’on puisse désigner un début ou une fin, sans qu’on puisse évaluer une distance, ou être certain des limites du support.
        Je ne me pose pas la question de savoir ce que contient exactement ce thème de l’errance. Plus que d’une déambulation, il s’agit sans doute d’une errance mentale, hors de toute croyance, de toute certitude ; c’est le sens que je souhaite “transfuser” à ces formes dressées, parfois titubantes, faites d’empreintes de planches, de grillages, de tamis, cernées de lignes grasses, épaisses, dures et souples. » ( 13 juillet 1994).

La Résurrection

lettre à M. Jean Cabanot, Jésuite, enseignant et chercheur au CNRS :
« Cher monsieur,
j’ai été surpris que vous me proposiez de participer à une exposition, autour du thème de la résurrection.
En effet, je suis non croyant, et je ne crois donc pas à la résurrection, pas plus qu’à la réincarnation…comme je ne crois pas non plus à l’art que l’on dit sacré.
        En dépit de l’usage que les religions et les croyances diverses, ont pu faire de l’art, à toutes les époques, et dans toutes les cultures, je pense que l’art n’a rien à voir avec ce qu’on nomme sacré, c’est à dire avec l’idée d’un art appartenant à “un domaine séparé, interdit, inviolable”, objet d’une “révérence religieuse, d’un absolu respect” (Le Petit Robert). Les grandes évolutions artistiques se sont souvent faites , par la transgression.
Si les grands fantasmes originaux, nés avec les premiers hommes, sont au fondement des mythes et des religions, ils fondent tout autant les métaphores de la production artistique, par le mécanisme du refoulé et du retour du refoulé.
Il apparaît donc insupportable aux artistes que les religions organisées aient pu avoir ou aient encore la prétention de kidnapper à leur profit, sous leur autorité et sous leur censure, la potentialité créatrice de chaque individu.

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