DVD La rumeur par Guillaume Boisdehoux Mais la société distribuant ces chefs duvre en France nest pas digne de cet honneur. Vous savez, cest la société qui vendait de lUne rumeur a circulé au sein de la rédaction de Verso, et souvent avec lévocation dun complot me liant à mes camarades Conti et Simon. Un soupçon danti-américanisme, de ma part et celles de mes « complices », serait décelable dans nos articles. Je tiens, pour cette livraison de la chronique DVD de Verso Arts et Lettres, à préciser, et dès lintroduction, quune telle rumeur est totalement infondée. Il ny a, chez moi et je laisse à mes supposés complices le soin de répondre en leur âme et conscience, aucun soupçon danti-américanisme. Et plutôt que de répondre à ces accusations, je renvoie le lecteur de ces lignes à quelques productions audiovisuelles qui, en cette seconde partie de lannée de lélection (est-ce vraiment le terme à employer ?) américaine, montrent bien mieux que jai été injustement accusé de le faire, ce quest lAmérique, soyons précis, les États-Unis dAmérique du Nord, soyons plus précis, ladministration Bush Junior, (le 43e Président), ladministration Bush Senior, (le 41e Président), la presse américaine, le lobby militaro-industriel américain, et des entreprises telles que Mac Donalds, Disney et Coca-Cola, sans parler de Carlyle, le célèbre fonds dinvestissement dirigé par un certain Carlucci, ça ne sinvente pas. Que vaut mon opinion, ou la rumeur dicelle, face à la parole et limage de Michael Moore dans son Fahrenheit 9/11, du réalisateur de Super Size Me, dont jai oublié le nom mais peu importe, on a assez lu sur ce film sans avoir besoin daller le voir, et de William Karel, auteur de Le Monde Selon Bush, que Montparnasse Vidéo vient de sortir en DVD ? Le Monde Selon Bush William Karel Montparnasse Vidéo Je nai pas souvenir dêtre resté la bouche ouverte pendant 93 minutes et cest ce qui vient de se passer. Jai découvert ce film en DVD, et cest mieux quà la télé parce que je peux revenir en arrière et massurer de ce que jai vu et entendu. Les intervenants sont Norman Mailer dont javais prédit quil serait un écrivain reconnu, un ancien ambassadeur américain, des anciens membres de la CIA, des historiens, un professeur de Harvard, Stanley Hoffmann. Le constat est effrayant, au sens propre du terme. Je sors de ce film effrayé par le danger que représente ce clown triste à la tête du plus puissant pays du monde. G.W. Bush est soit un pantin, manipulé par laile la plus extrême de lextrême droite dite « chrétienne », des affairistes qui viennent de quitter la direction des plus grosses entreprises du pays, soit le digne successeur, dans une famille à côté de laquelle celle, mythique, de Don Corleone dans Le Parrain ressemble aux Dugenoux den face, de certains des plus grands escrocs que la terre ait portés. Les révélations sur le passé de banquier des nazis du grand père de 43e, le père de 41e, les histoires de pétrole, darmes, de liens avec la famille régnante en Arabie Saoudite, les mensonges orchestrés, à la manière de ceux de Goebbels (cest un professeur de Harvard qui le dit), pour devenir, à force de répétition, des vérités, la tentation fasciste affichée par les plans Ashcroft, quelle horreur ! Certes, on sait que le père de Kennedy, ambassadeur à Londres et gros actionnaire de IG Farben, avait recommandé de ne pas bombarder les usines de Zykon B ni les voies de chemin de fer qui menaient aux camps à la main duvre bon marché. Lon se souvient de lachat, par les Kennedy, des voies de la Virginie à la Mafia pour une élection serrée, de Nixon, « Tricky Dicky », (Richard le Tricheur), ancien membre actif de la Commission McCarthy, mais les Bush atteignent le sommet du cynisme, de lignominie, de la prévarication. Comme le dit un des anciens CIA du film, avec Saddam, cétait « bad », ce sera pire. Et même si on savait tout ça, même si la lecture attentive de plusieurs quotidiens, la réflexion, une relative connaissance de lhistoire et de la géopolitique ont existé, ce film est un choc. Les images et notes, pas forcément aussi harmonieuses que celles des années 60 contre le Vietnam donnent un peu despoir à la fin du film : une manifestation comme celles de cette époque, de cette Amérique qui mavait fait croire, la France vivant sous Marcellin et ses CRS massés tous les jours rive gauche, la radio étant un monopole dÉtat, quune démocratie existait outre-Atlantique. Jy avais cru. Si Bush est réélu, il ne faudra pas être surpris si ce pays bascule. « Le fascisme nest quune détérioration de la démocratie. » (N. Mailer) War Photographer Christian Frei Montparnasse Vidéo Il ma paru judicieux, recevant ce DVD, dinviter mon collègue et ami Conti, expert en photographie, à le voir, le sujet relevant plus de sa compétence. Cest en partageant un grand verre deau, avec chacun sa paille, les temps sont durs, que nous avons donc regardé ce documentaire sur la vie dun photographe de guerre, comme le nom du film lindique. Pour Conti, le problème du photographe de guerre contemporain vient de lexistence, passée hélas, de ses maîtres, en particulier W. Eugene Smith, qui ne fut pas SEULEMENT photographe de guerre, Capa et Larry Burrows qui revint du Vietnam dans un des ces « body-bags » quil avait photographiés. Le premier avait été blessé parce quil voulait être près des explosions dans le Pacifique, Capa était mort sur une mine en Indochine, avant que cette contrée devienne le Vietnam. Il disait, je lai appris à lissue de cette projection lors dun fructueux dialogue avec mon collègue, toujours quil faut sapprocher au maximum de laction, quon est jamais assez près quand on photographie la guerre. Et James Natchway dans tout cela ? Il semble loin de laction, même sil pense en être très près. Est-ce son ton, lutilisation « artistique » des photos quil a faites, alors quen la matière, la photo de guerre, Conti pense quon « prend » plus une photo quon ne la « fait », le résultat est froid, clinique, et il semble que ce photographe « fasse un boulot » et un boulot qui paye bien. Laffiche le montre dans une position très élégante, pli du pantalon impeccable, souliers noirs bien cirés, assis en face dun jeune homme armé qui semble chercher à éviter la prochaine praline qui passerait par sa tête, sans casque. Latelier du photographe, alors que Capa, me dit Conti, envoyait ses pelloches au labo, quitte à ce quelles soient sabotées, comme ce fut le cas de celles du débarquement en Normandie, est cliniquement propre. Il gère ses photos, et il semble quaucun mort quil ait pu photographier ait laissé une impression sur le bonhomme. Lobjectif aurait-il été transparent ? Conti me parle de Don McCullin, autre grand photographe de guerre dont lengagement a été tel quil a dû arrêter et faire des magnifiques photos de paysages. On doute que Natchway ressente ça. Mais la mort quil semble ignorer chez ses sujets pourrait le rattraper un jour. On ne lui souhaite pas, dune part, on doute que cela lui arrive, dautre part. Le DVD est très bien fait, et si je navais pas vu le film et nétais pas ami avec Conti, alors il faut le voir pour comprendre que la guerre, ce nest pas une abstraction, mais une saloperie. Les Sentiments Réalisateur Noémie Lvovsky, Éditeur : ARP Sélection, Distributeur TF1 Vidéo Avec N. Baye, R. Bacri, V. Carré et M. Poupaud Sil convient ici de ne pas crier au chef duvre, comment alors qualifier un film qui, visionné en fin de journée caniculaire, après plusieurs heures de projection et quand le sommeil gagne lhonnête travailleur de la critique, épuisé sur son canapé qui pense, aux conditions de travail des critiques de DVD, à lusure du pouce sur la télécommande ? - qui signe ces modestes lignes, alors quon en a marre, un film donc qui fait rire et émeut jusquau bout ? Comment faut-il le qualifier ? Cest à vous que je pose la question ! Répondez ! Un bon film. Et un bon film, cest, finalement, rare, sinon très rare. Il y a ceux qui considèrent que, puisquun film est français, il sera mauvais. À moins de deux tiers deffets spéciaux, de 12 hectolitres dhémoglobine à la minute, si son scénario fait (au moins un peu) réfléchir et sil ne fait pas 134 millions dentrées dans LA salle du Grand-Duché du Luxembourg le week-end de sa sortie (je blague, je crois quil y a deux salles là-bas, mais la plus grande est à cheval sur la Belgique), alors il est mauvais. Ce sont les mêmes qui, tous les mercredis, se précipitent pour voir le dernier navet hollywoodien (les deux derniers mots ne constituant pas forcément un pléonasme) parce quils ne sauraient être pris en flagrant délit de ne pas lavoir vu avant les autres, ceux qui pensent que de toute façon, cest mieux ailleurs. Et bien, à ceux-là, je leur dis
(non, je ne serai pas grossier ici, merde !), je leur dis daller voir ce type de film, qui se passe dhémoglobine et de poursuites de voitures, qui est construit en restant frais, qui offre une Nième (mais en aurons-nous jamais assez ?) réflexion sur la vie, lamour, ce qui compte finalement, tout ce qui compte. Bien entendu, il faut accepter de réfléchir, ce que « ceux dont au sujet duquel que je causais plus haut » ne font plus. Tant pis pour eux. Mais cest à vous, lecteur adoré (et abonné payant jespère) de VERSO ARTS ET LETTRES que je madresse, pas à eux ! À propos, me demanderez-vous, cest quoi lhistoire ? Bon, ya deux couples, un quest plus jeune que lautre et ya le mec du moins jeune couple, le vieux quoi, qui flashe pour la meuf du plus jeune. Cest tout. Ça fait mal, à tout le monde finalement. Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran Réalisateur : François Dupeyron, ARP/ TF1 Vidéo Une personne ne maurait laissé aucun souvenir si elle ne mavait prêté le délicieux livre de E.-E. Schmitt. Cest ça la vie et la littérature ! Le film est aussi délicieux que le livre, et je naime pas les « adaptations ». Maintenant, il y a les « novélisations » à partir du film. Une belle histoire, pleine démotion, de finesse, pas à leau de rose, un jeu extraordinaire du vieil Omar Sharif, une belle plongée dans une époque, pas si lointaine, pendant laquelle les rapports humains semblaient, mais cest sûrement de la nostalgie, moins brutaux. En tous les cas, on pouvait aller aux putes sans craindre Sarko et sans capote ! H2F (Hachette Filipacchi Films) Entre 1959 et 1972, treize ans, un petit groupe de musiciens, dans un « petit studio », celui de Motown, (MOtor TOwn, Detroit, ville des bagnoles et moteurs), a joué dans plus de # 1 au hit-parade de Billboard que les Beach Boys, les Beatles, Les Rolling Stones et Elvis Presley RÉUNIS. Et le tout grâce aux chanteurs, certes, mais aussi et surtout à ces musiciens qui se sont eux-mêmes appelé, parce que leurs noms nétaient pas sur les pochettes de disques, The Funk Brothers. Inutile de chercher à traduire « Funk », encore un de ces mots argotiques noirs qui veut dire ce quil donne comme son, « it means what it sounds like ». Ils venaient, pour la plupart, du jazz et du blues. Pour ceux qui ne connaissent pas la différence, sachez quun grand morceau de blues se joue sur trois accords alors quen jazz, il est mal vu de ne pas changer daccord à chaque note. Mais les racines sont celles du Sud, de lesclavage et de lapartheid, et plus loin, de Bongo Square à la Nouvelle-Orléans et plus loin encore au fond de lAfrique. À Detroit, il y a du boulot après la guerre, faire des voitures à la chaîne, de ces monstres de métal qui font encore rêver ceux qui ne les ont jamais conduites et cauchemarder ceux qui les ont construites, ces musiciens en particulier. Population noire, sous-prolétaire, et cette musique qui va changer loreille du monde, qui va être reprise par les plus connus sans que jamais ses créateurs en soient même reconnus comme tels. Il faut voir jouer Joe Messina, alors quil na pas encore quitté les jazzmen, pour mesurer la qualité de ces « requins » de studio, les deux batteurs, joyeux pépés de près de 80 ans qui, lors dun concert mémorial de novembre 2002, frappent leurs peaux et cuivres en même temps avec une précision inégalée dans aucun orchestre. Quel bonheur ! Mais quelle horreur que ce système qui, alors que les « pistons de la machine » donnaient 14 heures par jour de leur talent pour alimenter le compte en banque de Berry Gordy, le patron de Motown, celui-ci ne prévient même pas ses musiciens qui apprennent, par une affiche à la porte du studio : « Pas denregistrement aujourdhui. Motown a déménagé à Los Angeles. » La séquence finale lors de laquelle une masse de choristes reprend le thème, rappelant que cette musique vient bien des églises du Sud, du Gospel. Bouleversant. Pour ne pas sombrer dans la rage, écoutons, réécoutons « Reach Out, Ill Be There », « Aint too Proud To Beg », « I Heard It Through The Grapevine », « Cool Jerk », « Whats Going On », avec les Four Tops, les Supremes, les Temptations, Marvin Gaye, ces stars. Avertissement : ce film peut provoquer une dépendance, je lai vu cinq fois en quatre jours et je me suis retenu afin de rendre ma copie. « Ils avaient le talent, nous lexpérience, dit un de ces « Funk Brothers », cest-à-dire : Jack Ashford, Percussions, Bob Babbit, basse, Joe Hunter, claviers, Uriel Jones, batterie, Joe Messina, guitare rythmique, Eddie Willis, guitare, Richard « Pistol » Allen, batterie, William « Papazita » Benjamin, batterie, Eddie Brown, Percussions, Johnny Griffith, claviers, James « Igor » Jamerson, basse, Earl « Chunkkofunk » Van Dyke, claviers, Roger White, guitare. Voilà. Que leur « crédit » ici imprimé soit un humble hommage, même si le tirage de VERSO ARTS ET LETTRES natteint pas tout à fait la somme cumulée des exemplaires des disques quils ont faits sans quils y soient crédités, sauf à la fin, sur un ou deux albums, mais cétait fini. Parmi ces musiciens magnifiques cités ici, certains sont morts, ils ont rejoint le paradis des musicos, mais je ne les cite pas parce quils vivront toujours. Thanks guys ! Collection A Mi-Mots MK2 Éditions Lidée est belle est simple : offrir dans le même emballage une émission de Arte, des extraits non-diffusés de ladite émission, un supplément pour les deux autres titres de la série, ceci sur support image, donc un DVD, et un roman de lauteur sujet de lémission. Ayant obtenu les DVD de test, avant les coffrets définitifs, pour cette critique, et jen remercie le service presse de MK2 Éditions, je nai pu juger de lensemble du « produit », mais « seulement » regarder le DVD. Comme toujours chez MK2, une parfaite réalisation, une qualité dimage et de mise en place très ergonomique et il reste
les sujets. Je ne connaissais pas Pascal Quignard, ne lisant pas les auteurs dont on parle trop, un peu seulement Erri De Lucca et encore moins Edna OBrien. Ici se pose la question : faut-il connaître ne serait-ce que le visage dun artiste ? Son uvre ne devraitelle pas suffire ? Si la réponse à la seconde question était positive, cen serait alors fini des portraits de 4° de couverture, des émissions dites « littéraires » lors desquelles lécrivain doit « bien passer », être bien maquillé et ne pas bafouiller (cf. Modiano), pour continuer à vendre ! Serait-ce un mal de ne plus jamais voir leurs têtes, de ne pas savoir sils sont petits ou grands, beaux ou laids, sils couchent et avec qui ? Non, ce ne serait pas un mal, mais cest une illusion, ce sera pire et lon entendra de plus en plus de cons dire : « je nai pas lu cet auteur mais il na pas lair sympa ! ». Il fallait, si je suis logique, seulement lire leurs livres. Jai écouté lun des trois de la série sans image, cest celui que jai trouvé le plus intéressant des trois. Je ne dis pas duquel il sagit. Coffrets Jacques Doillon MK2 Éditions Enfance 4-11 ans : Ponette - 1996 Un Sac de Billes - 1975 La Drôlesse - 1979 La Vie de Famille - 1985 Enfance 12-18 ans : Petits Frères - 1999 Le Jeune Werther - 1993 Le Petit Criminel - 1990 La Fille de 15 Ans - 1989 Les Doigts dans la Tête - 1974 Comment ai-je pu faire limpasse totale sur ce cinéaste ? Manque de temps, temps perdu, tête ailleurs à lépoque ? Je ne sais pas. Mais en regardant, avec émotion, quatre de ces films, jai réalisé que javais beaucoup perdu à ne pas les voir lors de leur sortie. Je ne vais pas faire la critique de ce grand cinéaste, ça ne se fait pas. Jaimerais donner envie de partager lémotion intense ressentie en regardant Ponette, le plus fort des quatre reçus peut-être, et Drôlesse aussi et les deux autres, Le Jeune Werther et Petits Frères. Quelle finesse, quelle justesse de ton et quel respect de lautre, lacteur, la personne SOUS le personnage chez ce cinéaste. Pas une fausse note dans le jeu denfants dont on apprend, au générique de fin, quils ont été assistés dun psychologue pendant le tournage, parce que ce nest pas facile de « jouer le rôle » dune gamine de 5 ans qui a perdu sa mère dans un accident de voiture. Cest merveilleux, plein de fraîcheur sans pour autant rien enlever à la réalité de la vie, son côté tragique qui, dès quon essaie de loublier, vous saute à la gueule. Tiens, je viens de comprendre pourquoi je nai pas regardé Doillon avant : il était devenu le compagnon de Jane Birkin, dont jétais amoureux, et jen fus fort jaloux ! Coffret Werner Herzog Editeur : Gaumont-Columbia-Tristar-Home-Video Fitzcarraldo Signes de Vie Woyzeck Les Nains Aussi Commencent Petits LEnigme de Kaspar Houser Ignorer Werner Herzog ne fait pas partie de mes nombreuses lacunes, dautant que Klaus Kinski était un des deux ou trois plus formidables acteurs que je connaisse. Je ne compte pas limmense Jean Lefebvre, disparu récemment, dans cette liste. Herzog fait partie de cette courageuse génération des cinéastes de lAllemagne daprès-guerre, avec Fassbinder et dautres, jai oublié, il fait chaud, qui ont su en dépit de limmense culpabilité de ce pays après les joyeusetés auxquelles il sétait livré entre 1933 et 1945, essayer, cétait dur, de recommencer à créer. Quand on sait combien il est difficile de créer à partir du néant, imaginons ce qua pu être la création à partir du nazisme ! Des films de ce coffret, mon préféré est Fitzcarraldo, pour sa qualité esthétique, la performance de Kinski et lanalogie entre lhistoire et le tournage du film. Un délire, celui de réunir deux affluents de lAmazonie (fleuve dAmérique du Sud à un seul sein) en faisant passer un bateau (et pas un canoë) au-dessus de la montagne qui sépare les deux voies deau, se confronte à un autre délire, celui de tourner le fil qui en raconte lhistoire. Le bonus du film, aussi long et passionnant que le film, est magnifique. Herzog sest battu contre tout, les éléments, peu cléments dans la région, les autorités, les acteurs, les financiers. Ce film est un défi et un pari irréalisable, mais réalisé. Le baroque de Manaus et de sa richesse (le terrain y valait plus cher quà New York en ce temps), la profondeur de la jungle (impénétrable est ladjectif automatiquement accolé, vous savez), la beauté de Claudia Cardinale en tenancière dun bordel où lon finirait bien ses jours après avoir cotisé, les personnages « secondaires », magnifiques de soutien à celui de Kinski, tout cela fait un film inoubliable, un des 10 quon a envie demporter sur la fameuse île déserte où il ny a pas délectricité pour le projeter, mais ce nest pas grave, cest une image, comme celle du bateau qui, au sommet de la montagne, bascule tout doucement vers lautre rivière ! Ne pas ignorer, bien entendu, les autres, avec des boni (pluriel de bonus, bande dignares) aussi intéressants. Un maître du cinéma, cet Herzog. On lui pardonne dêtre né outre-Rhin. Gatsby Le Magnifique (The Great Gatsby) Réalisateur : Jack Clayton - 1974 Comment vieillit un film qui a fait rêver le monde entier, TRENTE ANS (aie aie aie) après ? Bien, pas de problème, et si ce nest pas un « grand classique », si les ficelles commerciales sont plus visibles aujourdhui, prenons-les avec humour, its show-business, destiné à faire rêver les midinettes et à amasser le maximum de fric pour payer les plus grandes stars de lépoque (magnifiques Redford et Farrow), Depuis quOtar est parti Réal. : Julie Bertuccelli, Montparnasse Vidéo Comment « classer » un tel film ? Film dauteur, film intimiste, premier film ? Peu importe et fi des classements. Un régal, une sensibilité rare, des images simples et belles, pas de complaisance, tout ceci est inhabituel, il faut donc le saluer. Lhistoire est celle dun exil, celui dun jeune homme qui quitte son pays très pauvre pour aller travailler dans un pays riche, le nôtre, la France. Il part, il laisse sa famille, et il écrit des lettres qui sont le seul réconfort de sa mère. Mais est-ce lui qui écrit ? Sa mère part lui rendre visite quand les lettres se font plus rares. Pas de mouchoirs à sortir, mais une émotion permanente, de grande qualité. Ne pas manquer, vraiment, cette perle. La Bataille du Chili Patricio Guzman, Éditions Montparnasse Je renvoie au début de cette chronique sur la rumeur dantiaméricanisme
Nixon et Kissinger nont pas appuyé en même temps sur la gâchette du lance-roquettes du chasseur qui a bombardé la Moneda. Jen ai la preuve, cette gâchette ne peut être actionnée que dun seul pouce. Dautre part, ils ont, lun et lautre, des alibis. Kissinger jouait au cow-boy au Vietnam et Nixon à cache-cache dans un immeuble de Washington, le Watergate. Nous voilà fixés. Trente ans après, le dégoût, la honte, la nausée sont toujours là au visionnage de ces heures terribles. La droite est aussi ignoble quelle peut lêtre (ces propos nengagent que le rédacteur de cette chronique et en aucun cas le reste de la rédaction ou la revue) quand elle est soumise à une propagande type « les chars russes à Brest ». Tous les moyens sont bons pour couler un pays qui veut, il la prouvé par des élections tenues démocratiquement et malgré les efforts de ladite droite appuyée par la C.I.A. les grèves de la production du patronat, pour ruiner léconomie, les provocations des nervis fascistes, les coups dessai vers le coup détat. Et lon sait maintenant que « Saint-Pinochet », protégé de Thatcher (of course !) le patron des putschistes, a aussi détourné quelques pesos (cest ça la devise du Chili, mon cher rédacchef ?), dans des banques nord-américaines. Cest beau la promotion de la démocratie pour ITT et les autres ! Tiens cest des trucs comme ça qui me feraient pencher à gauche, peut-être
À voir, indispensable ouvrage dhistoire, que ceci ne se reproduise jamais ! (vu pieux, merde alors, qui sont les prochains ? heureusement quil ny a pas de pays producteur de sirop de coca-cola, vous imaginez sils doublaient le prix du sirop, ou nationalisaient les plantations de bouteilles et de canettes !?) Moi, Fidel Castro Entretiens avec Ignacio Ramonet Éditions Montparnasse Voulant absolument partager ce visionnage avec mon éminent confrère et ami Humbert Fusco-Vigné, auteur de la chronique « Livres Politiques » à Verso, je nous réserve la critique de ce monument (5 heures je crois) pour la prochaine livraison de la revue, puisque nous ne pourrons être réunis avant la remise de cet article. Je vous communiquerai alors les réactions qui seront les nôtres lorsque, dans les conditions effroyables qui présideront à ce labeur, dans un des châteaux de la Revue, au sein du complexe audiovisuel dernier cri et au bord de la piscine couverte, avec nos grands crus en main, nous aurons pris sur notre temps de sommeil pour votre éducation. En attendant, il paraît que Castro, à qui lon avait récemment offert un très belle petite tortue, demanda à ses invités la raison de ce cadeau. « Camarade Fidel, ce nest rien. Un petit cadeau. Cette tortue est une tortue géante. » - Ah bon ! Cest gentil. « Oui, Camarade Fidel, elle vit plus de 150 ans et elle aura atteint sa taille maximale dans 10 ans ? » - Non, Camarades, je ne peux pas accepter ce cadeau ! « Mais, Camarade Fidel, ce nest rien, nous en avons trop de ces tortues chez nous, tu sais bien. » - Oui, mais, vous le savez, vous, je suis très sensible, beaucoup plus que ces cochons de capitalistes impérialistes veulent le faire croire. « Oui, et alors, Camarade Fidel ? » - Et bien, mes amis, vous savez que je serai très triste quand elle mourra. Cétait pour vous arracher un sourire, vous en faites une de ces têtes ! Guillaume Boisdehoux © visuelimage.com - reproduction autorisée pour usage strictement privé - |
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