Notes de lecture
par Jean-Luc Chalumeau


Fabienne Verdier
entre Ciel et Terre
Albin Michel
Les lecteurs de Verso connaissent bien Fabienne Verdier (dossier du numéro 29) et savent qu’elle est l’auteur d’un très beau livre, L’unique trait de pinceau ainsi que d’une autobiographie, Passagère du silence, dans lesquels elle a témoigné de son expérience chinoise : dix années à se former dans des conditions difficiles aux techniques picturales extrêmes-orientales. Elle signe seule ce nouvel ouvrage, magnifique objet parfaitement imprimé, où l’écrivain Charles Juliet a été invité à dialoguer avec l’artiste et à écrire un texte de présentation. Ce dernier se singularise par sa ferveur : « Fabienne Verdier a reçu de nombreux dons en partage, ces dons grâce auxquels une personne peut devenir un(e) artiste d’envergure : énergie, sensibilité, intelligence, richesse intérieure, besoin de créer, besoin de s’explorer, besoin de rechercher sans relâche l’illimité et le plus intense – ces différentes forces, ces différentes sources se fondant en une passion entière, indomptable, celle qui donne le courage de surmonter toutes les difficultés, de consentir à la solitude, d’entrer dans la longue patience…» Le ton est donné, auquel s’accorde en particulier le témoignage de Hubert Looser, créateur de la Fondation qui porte son nom à Zurich, où voisinent désormais à son initiative des oeuvres de Fabienne Verdier spécialement peintes en écho aux peintures et sculptures de Willem De Kooning, Cy Twombly, Carl Andre, Motherwell ou Richard Serra : « Spiritualité, autorité, maîtrise, force, magie du mouvement, génie du trait : Fabienne Verdier égale aujourd’hui la plupart de ses maîtres, à un âge qui était le leur au moment où ils vivaient la plénitude de leur art…» La modestie de Fabienne Verdier est mise à rude épreuve, mais gageons qu’elle s’en relèvera.

François Arnal
Pruneaux crus Pruneaux cuits (30 ans après Sévère) Editions Cercle d’Art
Arnal est peintre depuis des décennies, et cependant Arnal est toujours un jeune homme, impertinent, fantasque, philosophe, grivois, inclassable en somme. Impossible de décrire ce beau volume entièrement écrit et dessiné par lui, à tel point que l’éditeur a cru devoir nous adresser un avertissement : « ce livre permettra d’entrer dans l’univers des MEEPS. Cette civilisation entre mythe et réalité, pleine de vie, destinée à l’amour et à la création, gentille mais aussi méchante, il la décrit en peintre ethnologue et archéologue, en poète, avec des yeux d’enfants ». Ce merveilleux bouquin aurait pu être écrit en collaboration par Joyce, Henry Miller et Queneau. Entièrement conçu et réalisé par un artiste qui préfère l’autodérision à la célébration ( et avec quelle verve !) cet ovni de l’édition comblera d’aise les anticonformistes de dix à quatre-vingt dix ans.

Jean-Luc Chalumeau
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