En guise de conclusion:
un peu d'art, d'histoire et de littérature
en marge de la saison tchèque

Dossier Tchèque


Ce n'est pas le même phénomène que pour le salon du livre de cette année consacré à l'Italie. Pas loin de cent traductions ont vu le jour et les publications se sont multipliées en tous sens. Dans le cas présent, les livres se font rares. Nous rendrons compte des publications de l'automne dans la prochaine livraison de la revue.

Dans le domaine de l'art signalons le catalogue de l'exposition Kupka du musée d'Osay, très riche, très dense, pas toujours très compréhensible. Les débuts de Frantisek Kupka à Paris sont bien détaillés et la partie la plus intéressante est sans aucun doute celle consacrés aux livres, I'illustration, d'Elisée Reclus à Antonin Sova, étant sans doute la moins connue de ses activités avant sa phase abstraite.

Largement inconnu Zdenek Grunt est pourtant un homme qui a marqué la chronique de son temps en accomplissant le premier détournement d'avion au début de la guerre froide. Le catalogue raisonné réalisé par Véronique Menault-Mirande a le mérite de faire revenir à la surface une œuvre qui, inspirée manifestement par la démarche de Nicolas de Stael, a su en tirer des perspectives surprenantes et un genre de peinture toujours en recherche entre l'abstraction et la figuration. C'est une œuvre à découvrir car elle mérite de sortir de l'oubli.

L'artiste pragois Lukas Kandl a voulu rendre un hommage à sa façon à Jean-Jacques Aubusson qui s'est rendu célèbre pour ses planches naturalistes puisqu'il reprend ses planches d'oiseaux pour les détourner dans une optique surréaliste, dans la perspective typiquement tchèque. C'est un travail hors du temps, qui est séduisant (peut-être trop) mais qui possède du charme et une certaine beauté.

Le romancier Vlatismil Tresnak s'est fait connaître en France en 2000 avec On ne parle pas la bouche pleine (L'Esprit des péninsules). L'Essentiel au sujet de monsieur Mortitz est une histoire absurde et cocasse dont les héros sont un couple comique, M. Prague et M. Moritz partagent un atelier. Le premier cherche à percer le mystère du second dans une atmosphère de bohème sensiblement décalée au sein d'un pays de langue allemande (on ignore où l'on se trouve) Ecrit en 1987, ce roman reflète assez bien la mutation qui est en cours à Prague, pleine de promesses, mais pas encore accomplie tout à fait. Le goût très amer de l'absurde, qui a été le propre de la génération de la période communiste, a pris ici déjà une autre tonalité. L'humour frôle le surréalisme, s'en prend à des valeurs éculées, ne respecte rien et adopte aussi un accent un peu cynique.

Enfin rappelons que les éditions Ibolya Virag nous ont déjà fait l'immense plaisir de rééditer deux grands livres de Karel Capek, la Guerre des Salamandres et la Fabrique d'absolu et de publier deux livres inconnus en France de Jaroslav Hasek, le créateur du Soldat Svejk: De Prague et à Budapest et les sulfureuses et désopilantes Aventures dans I'armée rouge.

La Rédaction


Kupka, Orsay/RMN.
Zdenek Grunt, Véronique Menault-Mirande,
préface de Gérard-Georges Lemaire, Olivier Gallart, Angers.

La Guerre des salamandres, Karel Capek, tr C. Ancelot, Ibola Virag.

La Fabrique de l'absolu, Karel Capek, tr J. Danes, Ibola Virag.

De Prague à Budapest, Jaroslav Hasek, tr. H. Fantl &R. Benès, Ibola Virag.

Aventures dans l'armée rouge, Jaroslav Hasek, tr. H. Fantl &R. Benès, Ibola Virag.

Kandl, Galerie Ileana Bouboulis.

L'Essentiel au sujet de monsieur Moritz, Vlastimil Tresnak, tr. M. Canavaggio, L'Esprit des péninsules.
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