Que s’est-il exactement passé pour que la décision soit prise de retirer l’image « mère et fille » de la photographe Diane Ducruet ? Maladresse de la direction du mois de la photo, peur, face à des réactions violentes ?
Revenons sur les faits dont nous avons eu directement connaissance par Diane Ducruet puis par Marie Docher dans sa lettre ouverte à Jean-Luc Monterosso directeur de la M.E.P et du mois de la photo.
Pour répondre à la question de l’intime, un des trois thèmes du festival dans le cadre duquel Jean-Luc Monterosso a sélectionné la proposition de Françoise Paviot sur une idée de Marie Docher, le projet L’intime comme illusion est présenté à la galerie Catherine Houard depuis le jeudi 30 octobre.
(…) « la galerie qui avait reçu des lettres à l’attention de l’artiste, de la galeriste, de Françoise Paviot, curatrice de l’exposition, de Jean-Louis Pinte, délégué artistique en charge du thème à l’adresse de la MEP. Ces lettres, au nombre de sept, reprenaient un modèle émis par une personne et repris à l’identique par six autres. Elles demandaient le retrait du travail de Diane Ducruet. Les lettres étaient signées et un espace prévu pour les commentaires laissait libre cours aux peurs et fantasmes de leurs auteurs. On y trouvait les mots “hérésie”, “inceste”, “pédophilie”… litanie entendue ad nauseam lors de manifestations roses et bleues. » (…)
Au moment de l’accrochage, quelques heures avant le vernissage, la galeriste alors à New York demande à son assistante de décrocher le travail incriminé, après avoir demandée conseils auprès de la direction du festival.
Enfin le 3 novembre, Jean-Luc Monterosso publiait le communiqué de presse suivant :
« Concernant le décrochage de l’œuvre de Diane Ducruet, et en réponse à la mise en cause de la MEP et de son directeur Jean-Luc Monterosso, ce dernier tient à préciser qu’il n’a eu aucun contact avec les acteurs de la censure qui lui est attribuée.
Il rappelle également que les expositions présentées dans les lieux labellisés par le Mois de la Photo relèvent de l‘entière responsabilité du commissaire de l’exposition et du responsable du lieu dans lequel l’exposition est présentée.
En l’occurrence, il s’agit d’un lieu privé, qui ne relève en aucun cas de l’autorité du directeur de la Maison Européenne de la Photographie.
Il précise également que le délégué artistique de la thématique Au cœur de l’intime n’a, à aucun moment, été consulté dans cette affaire.
Enfin, Jean-Luc Monterosso tient à souligner que le très sérieux travail photographique de Diane Ducruet ne peut en aucun cas prêter à confusion et ne doit pas être interprété hors de son contexte. »
Il faut noter qu’il est arrivé une semblable mésaventure à une autre participante au mois de la photo, Juliette Agnel dont certaines de ces photos accrochées sur les grilles de la Mairie du IIIe arrondissement de Paris ont étés vandalisées dans la nuit de dimanche.
Cette série était intitulé « Les Eblouis du jardin Anne-Frank », du nom du square face à la Mairie,
Selon cette photographe qui évoque son travail sur sa page Facebook, celui-ci ne lui apparait pas comme un sujet à polémique.
Le travail de Diane Ducruet ainsi que celui de Juliette Agnel, ne traitent pas des mêmes questionnements et pourtant ils ont en communs le fait d’avoir créé contre eux, pour des raisons et avec des réactions différentes, la polémique ou le vandalisme. Un retour de violence contre l’image ou tout simplement contre l’artiste à qui on indique par-là, l’interdiction de sa relation au monde…
Christophe Cartier
Vendredi 7 novembre Jean-Luc Monterosso recevait Diane Ducruet ainsi que Marie Docher à la Maison Européenne de la Photographie.
“L’entretien a été intéressant à bien des égards. Nous sommes tous trois convenus qu’il fallait prendre du temps et du recul.
Il ressort que le directeur de la MEP et Diane Ducruet ont pris date pour envisager les conditions d’exposition de façon optimale. L’objectif n’est pas de seulement d’accrocher une œuvre qui fait encore l’objet de multiples commentaires violents sur les réseaux sociaux, mais de la remettre dans son contexte. Date est prise également pour élaborer une conférence-débat sur les enjeux mis une fois de plus en lumière par cet épisode. Des bases sont posées pour le premier trimestre 2015.”
Samedi 8 novembre Jean-Luc Monterosso visita l’exposition “L’intime comme illusion“ la plus courte du Mois de la Photo qui aura montré à quel point l’intime est un sujet complexe et politique...
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