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Le monde enchanté de Christine Jean

par Gérard-Georges Lemaire

30-10-2018

Monumenta

Monumenta

Monumenta

Monumenta

Monumenta

Monumenta

Monumenta

Je serais bien en peine de classer l’œuvre de Christine Jean dans une quelconque catégorie. Si elle peut sembler abstraite, elle demeure tout de même figurative, ne serait-ce qu’en palimpseste. Elle s’inscrit dans une sorte de limbe conceptuelle, qui ne ressemble en rien à cette région obscure et mélancolique des anciens Latins, que le christianisme a transformé en Purgatoire. Non c’est un univers en soi et pour soi qui joue d’une ambiguïté profonde entre le monde visible et le monde intelligible (ou plus précisément : imaginaire) où la réalité se métamorphose pour devenir presque illisible. Mais pourtant, elle demeure malgré tout lisible pour qui veut bien prendre le temps de sonder ses compositions. Son regard a le pouvoir de changer la terre, le ciel, la mer, toute la nature en un champ d’expériences visuelles. On retrouve chez elle les grandes intuitions de Turner ou de Monet, à certains moments de son existence, mais en n’ayant pas la dimension formidable du premier, ni le désir de porter l’observation du monde naturel jusqu’à ses limites optiques, avec une sorte d’idéalisme insondable. Rien non plus des brumes solaires de Félix Ziem, qui a voulu exploiter dans un langage plus moderne les visions portuaires de Claude Gellée dit le Lorrain. Sans doute le souvenir de ces grandes entreprises picturales a laissé un signe dans sa mémoire, mais il est aussi vrai qu’elle ne les revendique pas. Elle recherche tout autre chose.
Cette « autre chose » est l’essence de ce qui se passe secrètement entre sa conscience et son inconscient, entre la perception de ce qui se présente à elle, surtout de vastes paysages, et la manière dont elle peut en tirer parti pour construire une architecture mentale qui n’existe qu’en son for intérieur. Regardons par exemple La Sauvagine, lieu-dit (2006) : cet endroit devrait bien et bien exister quelque part, mais te qu’elle nous le restitue, il est devenu hors du temps et dans un espace que nous serions bien en mal à localiser. Les reliefs font songer à un mer peu agitée ou alors à des dunes de sables ; l’enchevêtrement des lignes sinueuses, au mouvement de vagues ou à un multitude de ruisseaux qui s’enchevêtrent. Le long rideau, de la même année, obtient un résultat assez proche avec des moyens très différents : là encore, des surfaces sablonneuses et puis un maigre ruissellement d’eau, comme un estuaire minuscule. Les éléments conjugués perdent un peu, parfois beaucoup, de leur spécificité géographique. Sous les marées (toujours de 2006) présente des caractéristiques toujours similaires, mais avec un autre registre chromatique et un traitement de la matière d’une qualité différente. Ce qu’elle a entrepris de faire en baie de Somme, c’est de capturer la beauté sombre de ces côtes ingrates dont on ne perçoir jamais ni ciel, ni activité humaine, ni rien qui puisse venir troubler la surface qu’elle a décidé de prendre comme support de sa quête plastique ; elle leur conserve leur caractère ingrat, mais qui n’est cependant pas dépourvu d’une certaine beauté ; elle ne l’exalte pas non plus, cette curieuse beauté, mais ne la transcende pas non plus. Elle s’en sert pour obtenir une surface qui est en la radiographie mentale.
Mais elle a ensuite déplacé son point de vue sur le monde et a pris comme modèle non plus le point d’intersection des mers et des terres, mais celui de régions boisées. Et là, elle n’a pas cessé de multiplier les modalités permettant d’en soutirer toutes sortes d’effets. Ce qu’elle appelle Chambres d’échos sont bel et bien des troncs d’arbres (surtout des bouleaux, semble-t-il) auxquels le traitement chromatique donne une autre résonance. En effet, aucun risque de se croire à Barbizon avec Corot et ses compagnons ni dans les sous-bois de Gustave Courbet. C’est la poésie qui dérive de ces agencements et les couleurs qui leurs sont attribués qui attribuent au sujet une connotation nouvelle. Chaque toile possède son état d’âme, dévoile sa propre mise en scène et elle provoque des sensations et des émotions inédites. Si l’artiste a été captivée par telle ou telle partie de ces paysages, elle introduit des gammes formelles et chromatiques qui ne constituent pas une déclinaison. C’est une approche qui s’éloigne des précédentes et des suivantes, comme si Christine Jean éprouvait le besoin impérieux de traduire ses émotions en recherchant des combinaisons plastiques très dissonantes. Tout l’inverse de la montagne Sainte-Victoire où une forme est devenue le paradigme d’une méditation sur le faire du peintre. La quête qu’elle a entrepris de mener l’entraîne à ne jamais s’arrêter à une formule ou à des principes à développer. Ces mutations d’humeur, ce mélodie intérieure et même de conception architecturale de la toile sont la manifestation pure de ce qu’elle entend par création : un continuum qui se traduit par une série de ruptures ; celles-ci sont atténuées par la pérennité du thème, mais elles n’ont sont pas mois saisissantes.
En 2016, elle s’engage dans une reélaboration complète des paysages au point de les rendre quasiment fantastiques. Tout devient le fruit d’un songe fiévreux (mais avec toujours ce sens curieux de la tempérance et de l’harmonie qui contraste avec l’étrangeté de la scène produite). Elle ne quitte pas le monde tangible, mais a de plus en plus tendance à se l’approprier pour le réinventer selon ses désirs et ses élans. Bien sûr, ces digressions ne peuvent dire en si peu de mot le tout de sa quête esthétique. Mais ce sont déjà des prolégomènes pour se familiariser avec ce qui l’habite et la tarabuste.


Huang Yong Ping


Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
du 6 au 28 Octobre 2012
Peintures 2007 - 2012
Auteurs: Estelle Pagès et Jean-Luc Chalumeau


Christophe Cartier / Gisèle Didi
D'une main peindre...
Préface de Jean-Pierre Maurel


Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com