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RENCONTRES AU CAFE TORTONI AVEC ARIEL SOULE

par Gérard-Georges Lemaire

30-10-2023

Akane Kirimura

Akane Kirimura

Akane Kirimura

Akane Kirimura

Akane Kirimura

Je voudrais vous parler d’un artiste argentin qui vit actuellement à Milan après avoir passé quelques années à Barcelone.

J’ai surnommé son atelier le Tortoni en souvenir d’un magnifique café de Buenos Aires datant du XIXe siècle et qui est de toute beauté. Il s’est installé dans ce que les Anglais appellent un basement. Mais il y a de la lumière et c’est un endroit tout à fait agréable. Son atelier est tout à fait l’inverse de celui de Francis Bacon : tout y est rangé avec soin et, dirai-je, avec une grande méticulosité. Et pourtant son œuvre est tout autre que conventionnelle. C’est même un cas d’espèce. Il travaille dans l’optique de l’abstraction, mais assez loin de ce que peuvent faire ses contemporains.

Il faut d’abord observer qu’il introduit, pas très souvent, des figures dans ses compositions. Celles-ci utilisent aussi bien des formes géométriques que d’autres qu’on pourrait qualifier d’organiques. On ignore la logique qui préside à ces assemblages qui ne semblent pas renvoyer à quelque passé de la peinture informelle. Quant aux figures qui apparaissent comme de fantomatiques extrapolations, on ignore tout de leur origine et de leur dessein. Le peintre ne nous délivre aucun discours de la méthode. Il est en outre fort peu bavard sur l’exercice de son art. Il y a quelque chose de mystérieux dans son cheminement. De plus, ses toiles bien que reposant sur des bases conceptuelles assez proches, ne renvoient pas l’une à l’autre. Elles constituent une sorte de famille spéculaire, mais pas un cycle, une suite ou encore une série. Elles engendrent une famille, mais les liens de parenté ne sont pas à la source d’une généalogie. En fait, elles existent pour dérouter l’œil du spectateur, qui doit bien admettre qu’il regarde quelque chose qui lui est en grande partie étranger. Et pourtant, ces œuvres ne déroutent pas complètement. De l’horizon mental à la proximité charnelle de la peinture, force est de constater que Ariel Soulé a soigneusement ménagé ses effets pour nous égarer, mais pas tout à fait : la relation que nous entretenons avec elles est ambiguë : elles sont presque hors de portée, mais pourtant elles ont un curieux air de proximité. Comment cela est-il possible ? C’est sans doute lié à la puissance de la construction du tout. Sans doute il est difficile de comprendre l’architecture la surface investie par ces couleurs et ces lignes, mais elles ne sont pas entièrement dépourvues de sens. Drôle de paradoxe ! Il y a chez lui quelque chose qui se rapproche de Lewis Carroll, logicien et écrivain. Ses postulats se transforment vie en un labyrinthe où l’on se perd. Le Minotaure de ce lieu n’est pas un monstre, mais une énigme. Et c’est elle qui nous fascine. On ne rejette pas ce que l’on voit, mais on n‘y pénètre pas vraiment. L’entre-deux est ici le piège où l’on est capturé. C’est à la fois le chant des sirènes (qui ne peuvent pas nous laisser de marbre et qui représentent un risque) et la découverte d’un continent de l’autre côté de notre rive. Si tout ce qu’il fait dans son atelier possède sa grammaire et aussi son vocabulaire, nous devon s l’apprendre pour pouvoir l’approcher et en tirer la substantifique moelle de son écriture au-delà des mots. Au-delà d’un récit même secret.

Ai-je eu raison de le classer dans le champ de l’abstraction ? Pas tout à fait. Ses spectres jouent un rôle déterminant dans ses récits intraduisibles. Pas de pierre de Rosette dans son cas, mais la suspension d’une histoire qui ne se déroule pas devant nous mais qui est cependant présente. Cette relation que le peintre instaure avec ses visiteurs et ses amateurs est plus qu’étrange. Mais elle existe et, mieux encore, elle est le point de départ d’une complicité qui ne s’explique pas. Nous aimons la manière dont il agence ses couleurs et traces ses lignes droites et ses courbes, mais sans savoir pourquoi il l’a fait. Pour moi, il l’a fait pour que nous puissions nous divertir au sein d’un espace et d’un temps qui dérogent à toutes les lois qui nous sont par conséquent inconnues. C’est cet inconnu qui, petit à petit, fait son chemin dans notre rétine, dans notre cœur et même dans ce que nous appelons notre âme. C’est quelque chose qui a à voir avec les découvertes de la prime enfance : la révélation d’un espace magique où nous sommes attendus. En fin de compte, peu importe le roman qui est dissimulé dans cet enchevêtrement de plages colorées et de lignes de toutes espèces. C’est la poésie qui ressort de ces conjonctions bizarres qui l’emporte. Nous sommes à une époque où la peinture a un rôle très différent de celui qu’elle a eu pendant la Renaissance ou l’âge baroque. Elle est une sorte de carte non plus du tendre, mais de cet absolu que nous recherchons de part et d’autre du chevalet -, un absolu qui ne s’accomplit pas entièrement, mais qui nous mène vers des lieux de jouissance hypothétiques et parfois dangereux . Mais toujours jouissifs.


Huang Yong Ping


Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
du 6 au 28 Octobre 2012
Peintures 2007 - 2012
Auteurs: Estelle Pagès et Jean-Luc Chalumeau


Christophe Cartier / Gisèle Didi
D'une main peindre...
Préface de Jean-Pierre Maurel


Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com