L’IMAGE- HOMMAGE
DU MAkHZEN DAR LASRAM
Pour moi qui ai toujours habité dans la banlieue de Tunis, la médina reste toujours un lieu fascinant par son architecture et un espace énigmatique que je découvre de jour en jour…

C’est pourquoi, j’ai choisi de travailler dans le Makhzen (magasin , écuries et dépôts) de Dar Lasram. De l’ensemble des espaces peu cloisonnés constituant ce Makhzen, j’ai occupé pour ma réalisation un espace réduit composé de voûtes croisées portée par des murs construits en pierres sèches. Le sol est décoré en briques plates rouges. L’éclairage s’effectue naturellement à travers les portes fenêtres donnant sur des patios.

En intervenant dans cet espace architectural traditionnel, j’ai voulu faire ressortir une certaine relation entre la forme d’origine et une forme contemporaine par le biais d’une installation –vidéo intitulée " L’image- hommage du Makhzen ".

Le spectateur face à cet espace plastique a la possibilité d’y pénétrer ; il sera incité à se déplacer (autour, devant ), à s’approcher, à prendre du recul par rapport aux éléments réels et virtuels.
Dans les éléments réels, il y a une présentation et une représentation.
La présentation offre au regard des éléments naturels dans leur état brut ou modifié (briques plates rouges, bottes de foins…) afin de mettre en valeur les caractéristiques de cet espace interne ( matériaux et couleurs naturelles). Quant à la représentation, elle rend sensible au spectateur une figure, une image de l’objet (une auge) ; elle est donc une manière de représenter le réel de telle sorte à rendre visible par des leurres et des simulacres quelque chose qui n’existe pas.
Dans les éléments virtuels, il y a une représentation imagée, ou une métaphore prêtant à l’objet une forme sensible différente de la réalité (écrans posés dans l’auge laissant apparaître des images visuelles et sonores de l’eau, elles-mêmes mettant en jeu des moyens d’expressions : formes, surfaces, luminosités, obscurités, couleurs, valeurs et surtout leur mouvement dans le temps et l’espace).
Dans ces éléments, il y a également une propagation de divers sons ambiants de bêlements, beuglements, hennissements, broutages, ruminations, lapements de divers animaux. L’ensemble de ces éléments donnent une dimension immatérielle purement représentative et conceptuelle à mon installation.

Enfin, j’ai voulu exprimer et rendre compte par des symboles et des signes les valeurs aussi bien matérielles que sensorielles de cet espace. Mon objectif est d’inciter un nouveau regard du visiteur- spectateur de ce lieu en produisant des images- visuelles, des images sonores et des sensations olfactives. Le spectateur sera pris par une perception poly- sensorielle et amené à se poser des questions.