Conversations avec André-Pierre Arnal
par Michaël Glück
3.
Dans ce papier, il y a un mouchoir de soie que m'avait donné une amie parce qu'il était déchiré, elle m'a dit : tiens, tu en fais ce que tu veux et j'ai fini de le déchirer, je l'ai collé en haut et en bas de ce papier chinois que j'avais rapporté de Pékin et sur lequel il y une sorte de chaos de couleur sombre, mais pour moi cet ensemble est une façon de maîtriser le chaos justement de lui donner un sens...
un peu comme si les lignes du mouchoir étaient quelque chose de l'ordre d'une portée musicale...
tout à fait
Quel est, pour toi, le rapport entre peinture et musique?
La musique est un code spécifique, très difficile à acquérir pour celui qui aime la musique mais qui ne l'écrit pas, ne la pratique pas... Elle rejoint pour moi celle des sphères, celle du cosmos. Il existe des bols chantants, que l'on fait chanter, et qui ont une résonance très particulière qui arrive à mettre les gens légèrement en transes, c'est à dire dans un état de réception, de réceptivité... de tout ce que le monde matériel a d'énergie et de "discours" que l'on perçoit mal souvent parce qu'il y a des bruits qui perturbent... au sein de la nature, dans le silence relatif d'une forêt, d'une prairie, nous permet de vibrer à l'unisson de ce qui est la matière du monde. Et ça c'est un effort et une discipline que les êtres sensibles peuvent acquérir à force de méditation, de réflexion, de lecture de poésie, de textes sur la psychologie, toute la culture qui existe doit nourrir l'individu créateur, sinon, si on est coincé dans un petit ronron de fabrication on s'assèche très vite.
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