Conversations avec André-Pierre Arnal
par Michaël Glück
4.
Voilà quelque chose qui renvoie à l'idée de mots, qui sont scandés, qui écrivent des lignes.
Oui, c'est comme une écriture de poèmes...
Un poème graphique, coloré qui donne un choc, une impression plus ou moins liée à la couleur, au rythme, à la qualité du papier.
Deuxième papier de la même série la déchirure oblique... Le principe c'est que j'ai déchiré un papier que j'ai recollé... la partie droite de chaque côté et l'ensemble est penché comme ça et cette déchirure oblique a été le sujet de mon travail pendant des années... cette diagonale est aussi celle de beaucoup d'écriture à la main....
De beaucoup de sculptures aussi...
Il y a un dynamisme, un allant qui se retrouvent dans cette déchirure symbolique. C'est beaucoup moins statique qu'une déchirure perpendiculaire...
Voilà des papiers déchirés entreposés verticalement
On dirait presque des écritures totémiques.
Ce sont des sortes de totems de papier avec des différences de structures, de matières, de couleurs. Pour moi ça représente beaucoup de choses primitives, c'est à dire qui ont le sens du sacré. On a donné au sacré le sens d'une spiritualité liée aux religions monothéistes alors que pour moi le sacré c'est cette émotion que l'on ressent au sein de la nature et qui nous permet d'avoir des sentiments au-delà du banal, du commun, du répétitif de la vie quotidienne. C'est ce pour quoi beaucoup d'artistes et beaucoup de gens qui sont à la recherche (comme disent les chamans on est sur le chemin de l'éveil) et cet éveil est toujours en mesure de la vie, d'être toujours renouvelé, tous les jours tous les jours, et dans la création artistique on le ressent parce que la matière qui est chargée d'énergie transmet à notre corps qui est lui même facteur et monde d'énergie. C'est cette relation de transfert d'énergie qui est très liée pour moi au sacré.
N'y a-t-il pas dans le répétitif quelque chose qui est aussi de l'ordre du sacré, dans la rythmique...
dans le rite surtout... une ritualisation pourrait appartenir au sacré... ça en fait partie et c'est ce qui fait rester debout beaucoup de gens, les horaires du travail, tout ça lié à la nature qui est notre fondement éternel.
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Christophe Cartier
