Conversations avec André-Pierre Arnal
par Michaël Glück
5.
Je pense à ce que tu disais de la déchirure... il y a toujours une espèce de déchirure primitive, même dans les oeuvres les plus récentes (les couples, par exemples)... Dans le travail sur les papiers, sur l'espace , dans la manière dont tu montes, re-montes, re-ritualises rythmiquement ces papiers déchirés, n'est-ce pas non seulement de l'écriture mais aussi du symbolique comme on recoud, ressoude les éléments fracassés, cassés d'une poterie ou d'un tissu ou d'un papier...
Puisque nous parlons de déchirure... voilà, de la série des météorites... Là c'est un rectangle de papier, peint que je déchire en trois ou quatre. Je renverse la proposition centrale ce qui crée ses blancs, des fractures, quelque chose d'insolite ou de curieux qui m'a fait penser aux choses qui ont une origine très mystérieuse, très douteuse. En plus il y a ici une trace d'une forme que j'ai imprimée avec un outil particulier sur un papier venu de Chine, dont les petits carreaux sont les lignes de papier des cahiers d'écoliers pour apprendre à faire les idéogrammes.
Cela me fait penser à la période de tes grandes toiles pliées, re-dépliées, redéployées... C'est étrange. Il y a une espèce de continuité. Tu rapportes des papiers de Chine qui sont en fait la réplique de ce que tu as déjà fait dans un précédent travail...
Là, il s'agit d'un morceau peint, collé sur le papier et je déroule avec un gros pinceau ce gris qui va donner une impression de capture de la couleur, de réseau, d'écriture. Il y a dans ces travaux un côté rituel... obsessionnel.
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