Le monde ouvert des couleurs
selon Christian Lu
Par Jean-Luc Chalumeau
La double appartenance artistique de Christian Lu est donc incontestablement établie, mais là n’est pas la question principale se posant à qui observe ses peintures récentes. Ces dernières ne peuvent en aucun cas se confondre avec des choses représentées. Dans les espaces chromatiques qu’il nous propose et qui procèdent visiblement d’une immersion dans la nature, nous sommes d’abord frappés par la richesse et la variété des couleurs. Ainsi, c’est dans la lignée des coloristes que nous devons l’inscrire, celle de Van Gogh et Cézanne qui nous ont appris à voir les couleurs, mais aussi plus récemment, dans le sillage du grand Zao Wou-Ki, maître et ami de Christian Lu, tous deux se détachant des maîtres chinois traditionnels pratiquant, dans l’ignorance de l’huile, la couleur avec une certaine parcimonie dans leurs encres sur papier et peintures sur soie.
Puisqu’il n’y a pas de couleurs pures dans la nature, hormis les pierres précieuses et les fleurs, il a donc fallu aux peintres inventer les couleurs par une technique et une appréhension théorique du sensible. Si bien que la couleur est devenue pour eux une matière, ce qui est effectivement le cas de Christian Lu. Or tout peintre privilégiant la couleur doit relever un défi. Car la vocation de la couleur est d’être perçue, de s’éprouver dans notre regard en offrant à notre corps une certaine prise et en le disposant littéralement à des mouvements intérieurs en écho à la manière dont elle se meut sur la surface de la toile.
Regardons le tableau intitulé En hommage à Maître Zao Wou-Ki (2013, acrylique sur toile,
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