Entretien
entre Paul Ardenne et Dominique Renson
Tu vas vers l’énigme. Tout comme tu préserves toujours dans ton travail de peinture un pan d’expérimentation…
Oui. C’est la raison pour laquelle je refuse les commandes. En ce moment par exemple, je travaille sur les natures mortes, une idée qui m’est venue de mon travail sur la Cène, du fait de la présence d’aliments sur la table sacrée. C’est pour une question d’expérimentation, d’ailleurs, que j’ai envie de faire des formats très petits, de même que j’ai fait des grands formats. Ce qui m’intéresse dans les petits formats, c’est qu’on ne peut s’autoriser la reprise, sauf à faire de la miniature. Le premier geste est très important dans ce cas.
Que t’apprend la peinture ?
C’est toujours la même histoire : on recommence et l’on recommence encore faute d’être jamais satisfait. Quand tu approches de quelque chose, cela t’échappe, donc tu recommences. Mais la création m’habite totalement. A chaque fois que j’arrive à la fin d’une série, une nouvelle envie s’impose. Et je ne sais jamais où cela va aller. Je ne fais pas partie de ces peintres qui peignent tous les jours. J’écris aussi. Je fais des films. Je n’aime pas les redites.
Mais qu’apprends-tu de la peinture, sinon qu’il faut sans cesse la recommencer ?
Quand tu peins, tu es dans un état de réflexion intense. L’esprit se met en état de voyance, on reçoit plein de signes… C’est plus intellectuel que pratique. C’est dialogique. Travailler la matière pour ouvrir un dialogue. Et puis, chaque jour est différent, chaque état de lumière est différent, tout bouge sans cesse.
précédent 1 2 3 4 5 suite