ID : 158
N°Verso : 108
L'artiste du mois : Marie Morel
Titre : Les Femmes des siècles passés
Une peinture de Marie Morel
Auteur(s) : Par Marie Morel
Date : 22/03/2018



Marie Morel n’a pas attendu l’actuelle déferlante féministe internationale pour engager la lutte, par le moyen de son art, en faveur des femmes. Il ne s’agit pas pour elle de punir les hommes, même métaphoriquement : pas de tête décapitée d’Holopherne au fond d’un panier chez elle. Elle ne se prend pas pour une moderne Artemisia Gentileschi, mais elle éprouve une immense colère à la pensée des innombrables femmes remarquables qui, dans tous les domaines, ont été niées et occultées par le pouvoir masculin dans l’histoire. Les voici donc, retrouvées grâce à de longues recherches. Marie Morel, qui connait le Canada, a sans doute connaissance des travaux du groupe d’historiennes de l’art québécoises qui inventorient ce vaste domaine depuis des années. Les voici en tout état de cause, ces femmes, dans de petites vignettes où dominent les bleus tendres. Chaque œuvre, généralement de 194 x 284 cm, contient un grand nombre de portraits de femmes plongées dans l’oubli. Au premier coup d’œil, on ne voit qu’une grande composition très picturale aux précieuses variations de bleu. C’est en s’approchant que l’on fait connaissance avec celles qui justifient l’engagement de l’artiste : « je me révolte dans ma peinture car les femmes sont écrasées, humiliées, méprisées par le comportement des hommes… » Nous lui donnons la parole ci-dessous et surtout, nous donnons à voir le résultat plastique de sa recherche.

J.-L. C.


Marie Morel, peintre
Contact : 06 85 66 64 91
mariemorel.regard@gmail.com
www.mariemorel.net
galerie.mariemorel.net
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instagram.com/mariemorel_artist

Les Femmes des siècles passés
Une peinture de Marie Morel
Par Marie Morel

Au IVe siècle avant J.-C., le philosophe Aristote déclarait le principe de l’infériorité des femmes par nature. Il aura fallu 2400 ans pour que l’égalité des hommes et des femmes soit enfin reconnue. 2400 ans pendant lesquels des femmes ont lutté pour se réaliser en contournant autant que possible les difficultés qu’elles rencontraient. Malgré tout, au fil des siècles, leurs oeuvres ont été scandaleusement mises de côté au profit de celles des hommes. Pourtant, les traces de ce qu’elles ont réalisé, que ce soit dans les domaines artistique ou scientifique existent, et mériteraient sans aucun doute un sursaut de reconnaissance, alors pourquoi n’en parle-t-on jamais et continue t-on à ne citer que les hommes ?

Il est grand temps que l’histoire de l’humanité accueille enfin les femmes, à égalité avec les hommes, dans notre mémoire.

  • Quelques faits :

    Autrefois, les femmes devaient être invisibles ; chez les Grecs, leur parole publique était indécente. - Premier épitre de Saint Paul à Timothée : “ Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme ; elle doit demeurer dans le silence ”.
  • Les Sorcières : cent mille femmes accusées de sorcellerie ont été arrêtées et brûlées aux XVe et XVIe siècles, car elles avaient un savoir et une manière de vivre trop libres. - Les hommes sont des individus, des personnes, ils ont des noms qu’ils transmettent, les femmes n’ont pas de noms propres, seulement un prénom et elles portent le nom de leur père, puis de leur mari.
  • Quand vous regardez les noms des rues dans les villes, il n’y a pratiquement aucun nom de femmes et, bien sûr, encore moins pour les avenues et les boulevards.
  • Les femmes d’exception sont invisibles, seulement 4 au Panthéon, rares dans les livres d’histoire et les mémoires. - Les femmes célèbres sont peu présentes dans les manuels scolaires, et l’Histoire n’a pas voulu retenir leurs noms. Une étude menée en 2013 sur les manuels de français n’était guère encourageante : 3,7 % de femmes auteures et 6,7 % d’artistes et elles sont très peu citées par rapport à leurs homologues masculins (96,3 % et 93,3 %). Le plus frappant est le très faible nombre de femmes philosophes : 0,7 %. À en croire nos manuels scolaires aujourd’hui, nous sommes une société dans laquelle plus de 90 % des citoyens et des citoyennes seraient des hommes. Une société dans laquelle les grandes découvertes, la science, l’art, la philosophie, les mathématiques seraient des domaines réservés aux garçons. Une société dans laquelle nous apprenons que toute l’histoire de l’humanité a été réalisée par des hommes !
  • L’instruction était un marchepied vers la liberté, c’est aussi pour cela qu’elle était refusée aux femmes. Les hommes voulaient garder le pouvoir et leur interdisaient tout.
  • Les femmes se sont aussi dévalorisées elles-mêmes : la société estimant qu’elles n’avaient pas d’intérêt hormis dans le cadre des productions maternelles et domestiques, beaucoup d’entre elles culpabilisaient quand elles avaient un savoir.

 

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