ID : 179
N°Verso : 120
L'artiste du mois : Philippe Compagnon
Titre : Philippe Compagnon,
50 ans de peinture
Auteur(s) : par Vianney Lacombe
Date : 18/03/2020



Philippe Compagnon,
50 ans de peinture
par Vianney Lacombe

Après l’austérité des œuvres en noir et blanc où se laisse voir l’espace en relief de la solitude et de l’absence du monde, le retour de la couleur dans sa peinture se concrétise en 2001 par des toiles exposées au Musée du Donjon à Niort et chez Bernard Jordan. Ces toiles sont peintes avec des couleurs vives, acides, dont les bords sont prolongés par un graphisme noir qui signifie les courbes des volumes au lieu de les imiter, sortes d’images d’Epinal abstraites dans lesquelles la multiplication des courbes qui trament les couleurs du tableau induisent une autre lecture, plus sereine que celle des précédentes toiles qui nous emmenaient dans un univers fermé et oppressant. Chaque toile de cette nouvelle série est construite autour d’un nombre restreint d’éléments qui donnent à chacune d’entre elles une monumentalité qui ne tient pas seulement au format de la toile mais à la proportionnalité des rapports qui relient les éléments intérieurs du tableau avec ses dimensions extérieures.

Cette monumentalité, Compagnon la met en oeuvre en réalisant plusieurs murs peints, au Musée Matisse en 2006, à l’Hôtel de Sponek à Montbéliard en 2007, où les pièces sont transformées en un gigantesque assemblage de barres croisées dont la prolifération est interrompue par des portes et des aérations qui creusent des trous au sein de cet étrange univers.

Il réalise de nombreuses toiles en couleurs jusqu’en 2009,qui est l’année d’un retour à l’austérité avec une toile de près de 2 X 2 m en noir et blanc, commencement d’une série dans laquelle la surface est tramée avec des points noirs qui remplissent les compartiments de ce nouveau travail et composent les fragments d’une immense stèle murale, sorte de codex contemporain dans lequel notre présence est réduite à l’état de points à l’intérieur de ce vaste ensemble géométrique, qui est le reflet de l’uniformité de notre monde où toute particularité est bannie.

C’est avec cette peinture qu’il aborde une nouvelle période où le noir reste essentiel dans la délimitation et la ponctuation des différents compartiments de l’œuvre mais dont le fond blanc est remplacé par une ou deux couleurs uniformes, réparties en blocs qui se répondent symétriquement. Mais, parallèlement à ces travaux plus colorés, Compagnon continue de produire des toiles en noir et blanc d’une grande austérité dans lesquelles rien n’est fait pour nous détourner de la présence de l’immensité silencieuse de la toile.

 

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Verso n°120
 
 
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