Philippe Compagnon,
50 ans de peinture
par Vianney Lacombe
Cependant cette structure se trouve remplacée en 2012 par une série de dessins aux crayons de couleurs, dans laquelle les points noirs qui composaient la trame de ses précédents travaux sont répartis selon une suite de plans horizontaux successifs dont la diversité des couleurs atténue le contraste avec le noir, permettant des passages entre les différents plans, ce qui était impossible dans les toiles et dessins aux contrastes fortement accentués.
C’est en 2017 que cette série s’achève avec l’utilisation d’un format vertical qui est le point de départ de son nouveau travail, présenté à ArtParis sur le stand de la galerie Lahumière en 2018, et sur celui de la galerie Françoise Livinec en 2019. Les tableaux sont divisés en 2 dans le sens de la hauteur, dans une symétrie bicolore où des alignements de points noirs figurent le langage muet de ce registre dans lequel chaque tableau inscrit, avec ses couleurs alternées, un nouveau chapitre d’un texte inconnu et jamais semblable, dont chaque toile apporte une version particulière en bleu et rouge, en jaune et vert, en rouge et jaune, violet et vert, parmi un grand nombre d’autres possibilités.
Cinquante ans après ses premières peintures, Philippe Compagnon continue de réaliser des toiles et des dessins qui ne s’inscrivent pas dans la suite de ses précédents travaux, mais bien au contraire, cherchent à les dépasser dans l’invention de nouvelles formes et de nouveaux rapports de couleurs, même si le noir reste essentiel dans son travail, car il permet d’obtenir des contrastes puissants qui produisent un choc émotionnel né de la beauté des rapports colorés mis en espace dans ses tableaux, ou dans la gamme des gris de ses dessins. Philippe Compagnon travaille la peinture comme un artisan hautement qualifié, qui aime la matière et le support de ses toiles, pour lesquelles rien n’est laissé au hasard. Les couches successives de couleurs sont pour lui l’assurance de donner au spectateur un objet parfaitement fini dans lequel l’idée de départ de son tableau se trouve magnifiée par sa réalisation. Le reste, pour Philippe Compagnon, c’est-à-dire produire et se produire en vue d’être accepté par un marché de l’art surtout préoccupé de rentabilité immédiate, est secondaire, aussi longtemps qu’il peut continuer à peindre, à travailler, à dessiner avec un désir intact depuis 50 ans.
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