Si vous passez par Apt : la Fondation Blachère
par Sophie Braganti
Je me souviens de l'irrésistible humour et de la poésie acidulée de Maxwell Osei Abeyie qui nous fit du 11 septembre, le théâtre d'une actualité absurde et décalée, une œuvre devant laquelle on a envie de s'attarder. Enregistrements sonores de la vie quotidienne, témoignages, images...tout était saisi dans une scénographie convaincante, indispensable au lieu à l'allure de conteneur géant. La fondation est un vase clôt dans lequel il fait bon sortir des images d'Epinal qui enferment l'Afrique dans l'exotisme, le misérabilisme, le tribal, les paysages à la Douanier Rousseau ou son contraire aride et dépeuplé, les animaux sauvages, les griots et les marabouts, les grigris et les masques... Pierre Jaccaud en est l'un des principaux acteurs, scénographe, commissaire et associé. Son engagement et sa culture ne laissent aucune place au doute. De même sa collaboration aux côtés de Kamila Regent ( elle dirige les chambres d'hôtes, la galerie, les éditions et la résidence d'artistes Chambre de séjour avec vue, à Saignon, Lubéron http://chambreavecvue.com ).
Ce " Je me souviens " à la Pérec, poursuit son chemin dans ma mémoire avec l'exposition Boxe ! Boxe ! On nous dit que " L’histoire de la boxe regorge de combats qui dépassent les limites du ring et engagent des questions de valeurs, de couleurs, de symboles. Les boxeurs sont des catalyseurs et des vecteurs de messages sociaux. Ils sont des guerriers qui se disputent les titres par KO ! Depuis Battling Siki, des boxeurs noirs ont été des acteurs de la révolution afro-américaine tout comme les athlètes qui ont levé le poing des Blacks Panthers. Autre image, Cassius Clay, devenu Mohamed Ali, et proche de Malcom X…"
Je me souviens du géant de métal, sauveur qu'on dirait extrait d'un jeu vidéo après avoir été passé à tabac par Spiderman, de Titos Mabota qui semblait de papier aluminium et fragile comme une sculpture de glace ou de sucre. Lourd et léger à la fois dans un position de combat qui veut vainement effrayer l'adversaire. Je me souviens d'une photographie de Ghislain Gulda El Magambo et d'un rituel théâtral à la bougie où les esprits sont convoqués dans la nuit quotidienne. Enfin, le sourire insouciant du très jeune boxeur à l'allure gauche d'un amateur, tirant du jeu le moyen de se mesurer à l'inconnu et à l'imitation des aînés. Il semble tenir son short sans marque, le temps de la pose, ne sachant que faire de ses mains comprimées dans les gants blancs. Humour, fraternité, défiance, traditions et gravité rivalisent sur les rings. Puissance dramatique et corps à corps sensuels se dégagent de l'ensemble.
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