Entretien avec Benjamin -
par Daphné Brottet
Daphné :
C'est même confondant de similitude pour le portrait projeté sur le mur qui retrouve le même cadrage,
la même texture que pour le tableau, avec des impressions d'apparitions lumineuses dans un espace
plongé dans le noir. Sortes d'image flottantes dans l'espace...
Benjamin :
Oui, c'est tout à fait cela. Il y a cet effet de mobilité de flou lié au mouvement de caméra, mais, je ne
fais pas de référence directe avec le cinéma ou la vidéo.
Daphné :
Y a t-il quelque chose de l'ordre du sample dans votre peinture?
Benjamin :
Je ne peux pas vous répondre parce que je ne me suis pas posé les choses en ces termes. La série
des Rave était quelque chose qui se situerait, chronologiquement, dans mon intérêt pour la musique
baroque. Cette série vient en contrepoint de la musique des nocturnes, qui sont proches du cinéma
d'Antonioni, très séquencé, comme une phrase. Le titre a été choisi pour créer un contrepoint, une
fantaisie, un clin d'oeil au "sérieux" et au "dramatique" de la peinture.
Les Rave n'ont rien à voir avec mon intérêt pour le côté dangereux des espaces nocturnes. Les
premiers de la série Rave sont comme des tableautins, comme des "amuse-gueules" pour une
exposition avec d'autres formats.
Au moment de l'accrochage, il existe toujours des rapports de valeurs, de tensions.
Daphné :
Le titre oriente sur des ambiances nocturnes, et les peintures évoquent une sorte d'instantané
d'images, une succession d'images surgissantes rapides qui seraient fixées comme un flash sur la
toile. D'où ma question sur le sample ...
Benjamin :
C'est juste, mais je n'ai pas appelé les raves pour cela. Je ne vais dans les raves mais la question que
vous soulevez concernant le monde de la nuit avec ses aspects de dangers est ce que qui
m'intéresse.
Concernant le film, je ne dis pas que je n'en ferais pas, mais, l'image qui me vient de la photo, c'est
une image écaillée, petite.
Mon premier rapport à la photo, c'est le vernis écaillé des vieilles photos chiffonnées, les dentelures et
les zones où ne voit rien. Des noirs très profonds. C'est pourquoi j'ai énormément de mal avec les
grands formats de photos, voire extravagants, car, pour moi, ce n'est pas comme une peinture.
J'utilise beaucoup et je réutilise la feuille d'or, d'argent, comme des miettes et c'est très différent des
pigments de bronze pour l'aspect irisant et scintillant. Plus la lumière est faible, plus le scintillement
ressort. Plus le ciel est noir, plus l'étoile est visible.
Daphné :
Est-ce que, précisément, il n'est pas un peu trop facile d'utiliser cette feuille d'or ou d'argent pour créer
l'ornement ?
Benjamin :
Non, parce que c'est comme si je voulais créer un rideau de théâtre. Il y en a que je cache, d'autre qui
n'existent plus parce que je repeins dessus. La feuille d'or a un écho en couleur. L'or est une autre
couleur, c'est un autre jaune, ou un trou...
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