Entretien avec Benjamin -
par Daphné Brottet
Daphné :
Vous vous attachez beaucoup à l'aspect sensuel de la peinture, n'est-ce pas? L'emporte-t-elle sur la construction du tableau?
Benjamin :
Pas vraiment. C'est une composante mais, on peut trouver aussi une sensualité des espaces. Je m'attache pourtant à la construction du tableau.
Daphné :
Je n'ai, pour ma part, pas l'impression que vous positionniez la construction comme une première intention. La construction se ferait plus intuitivement, au profit d'une exploration plus sensuelle avec l'apport de nouveaux matériaux, des agencements de matière et de couleurs...?
Benjamin :
Je pense que j'accorde plus d'importance à la construction. Car il s'agit du rapport à l'ennui que l'on a face à la peinture. Dans ce sens, j'accorde une grande importance à l'orchestration des espaces.
C'est quand même la base de tout mon intérêt pour la peinture. Un excès de sensualité ne gênera pas alors qu'un ennui de l'orchestration de l'espace est terrible.
Daphné :
Vous parlez de votre travail de peintre en atelier. Vous utilisez beaucoup de matériaux liés au travail du couturier. Lorsque je vois le Fifre et d'autres peintures qui font intervenir la figuration, il me vient l'image du meurtrier du Silence des Agneaux qui se crée une seconde peau avec celle découpée et prélevé sur le corps des femmes. Il y a quelque chose de cet ordre qui dépasse le sensuel. Un arrachement de la matière et voir le dessous. Est-ce que la construction de la toile se réalise de cette manière, dans l'épaisseur (en superposition) plutôt que contenu dans le cadre (réparti)?
Benjamin :
Au final, le tableau est en 2 dimensions. Il a des limites et c'est au sein de ses limites que je gère les agencements, les scènes, plusieurs choses qui se contredisent ou viennent en résonnance les unes aux autres. Ma contrainte c'est ce que le carré impose d'entrée de jeu. Et, la construction ne se fera que dans le cadre. Ce que je ne supporterai pas c'est l'ennui de l'architecture de la peinture. Le jeu est de s'amuser à se surprendre, à inventer des espaces, de se contredire... c'est très important pour moi de construire avec des fragments sensuels.
Daphné :
Diriez-vous que vous vous arrêtez avant que cela tombe dans l'invisible.
Benjamin :
Non, car je travaille beaucoup des choses totalement invisible.
précédent 1 2 3 4 5 6 7 8 suite
- Entretien avec Benjamin -
le 8 novembre 2012
par Daphné Brottet - Quand Benjamin fait du Fifre d'Édouard Manet le point de fuite de sa pensée sur le sujet de la peinture.
par Gérard-Georges Lemaire - Voyage en peinture
ou
Voyage au bout de la nuit
(mais c’est déjà pris)
par Odile Dorkel - Benjamin
par Sapho - La théophanie
Un homme et une femme regardent un tableau de Benjamin
par Max Guedj - L'art de l'effeuillage
ou L'étoffe des libertins
par Jean-Claude Hauc - L'œil écrivain
par Christophe Averty - Deux clins d'œil :
Gérard de Lairesse par Jean-Michel Charbonnier
et Le costume byzantin par Eudes Panel.
- Sensus communis. À propos des photographies de Philippe Monsel
par Luc Ferry - Banditi dell’Arte, une ontologie
de l’« hors normes » ?
par Marie-Noëlle Doutreix - Les tableaux Tounes Boules (turn cut)
d'Arthur Aeschbacher
par Gérard-Georges Lemaire - Une biennale pour l'architecture
partagée : une promenade dans l'arsenal
par Giancarlo Pagliasso - Tatline / art et monde nouveau
par Giancarlo Pagliasso - L'art et le cyclisme
par Leonardo Arrighi - Éloge de Simon Hantaï
par Gérard-Georges Lemaire - Philippe Richard
par Vianney Lacombe