Banditi dell’Arte, une ontologie
par Marie-Noëlle Doutreix
Nouveau monde et archétype
Lorsque l’on pénètre dans l’antre de l’art pathologique, la première vision est un intérieur spatialement conçu comme un cirque dont des éléments muraux, portant les œuvres, convergent vers le centre. Notre regard est donc amené vers ce point centripète dans lequel trône l’ambitieux Nouveau monde de Francesco Toris. Le titre de l’œuvre et la symbolique de l’entreprise donnent le ton de l’exposition ; chaque œuvre est un monde qui s’ouvre à nous pour peu que nous acceptions sa singularité.
Ainsi, cette sculpture pourtant peu imposante[9], éclaire la pièce de son inventivité. Patience et minutie auront sûrement été précieuses à l’auteur qui de 1899 à 1905 collectionna et tailla des ossements de bovins. Après les avoir sculptés il les enchâssa sans colle ni autre liant, donnant lieu à un édifice en plusieurs niveaux, dans lequel s’agitent de multiples figurines, animaux fantastiques, masques vivants et autres créatures imaginaires. Cette œuvre cosmogonique d’un blanc ivoire est constituée de paliers, comme l’indique aussi la présence d’échelles. Cependant, les fins ossements placés à la verticale et en parallèle, ressemblent à des barreaux. Simple dispositif technique ou bien le nouveau monde serait-il aussi une cage ? Dans la partie supérieure de l’œuvre les ossements sont disposés de façon moins rigoureuse mais partout de petites idoles paraissent prisonnières, emmêlées au sein même de la structure.
Labyrinthe spatio - atemporel Le nouveau monde nous rappelle la complexité des causes, des effets, du mystère de leurs imbrications et du sens de celles-ci. Telle une image primordiale renfermant le thème universel de la vie, cette forme de représentation construite, témoigne sous des formes symboliques du désir de l’ailleurs.
Figuratif, symbolique et limites de la critique
En regardant attentivement l’œuvre de Francesco Toris on peut apercevoir des chiffres et des lettres. Ce recours aux symboles et à l’écriture se retrouve dans une large majorité des œuvres exposées en ce moment à la Halle Saint Pierre. Carlo Zinelli ne fait pas exception et couvre le papier de dessins et de calligraphies. Sur des feuilles de 50 x 70 cm, de 1957 à 1971 il réalise environ trois mille dessins et gouaches.
[9] Le nouveau monde mesure 58x40x30 cm.
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