L'art et le cyclisme
par Leonardo Arrighi
II Le futurisme et les deux roues
L’exposition vénitienne permet de faire un parcours intéressant à l’intérieur du rapport entre l’art futuriste et le cyclisme. Les futuristes n’ont jamais caché leur vénération pour la bicyclette et pout la pratique du cyclisme, utile pour l’expression de l’exubérance athlétique, qualité majeure de l’homme moderne.
Tout en manœuvrant dans le même contexte artistique, il est possible de se confronter à plusieurs orientations représentatives. Umberto Boccioni, avec Dynamisme d’un cycliste (1913) crée une interaction entre le sujet et le onde qui l’entoure au point d’empêcher de tracer les contours du coureur. Dans Cycliste (1916), Mario Sironi n’explique par les mouvements de l’athlète, les confinant du coureur qui, la tête levée pédant l’ascension ne fait pas mystère de son aspiration à un sommet invisible. Fortunato Depero, dans Cycliste traversant la ville (1945) suggère la rapidité du sujet en rapprochant trois stades successifs de l’action du coureur. Le cycliste dialogue avec le décor qui se trouve derrière lui sans entrer en contact avec lui, en instaurant une stricte contraposition : la ville de la Renaissance (peut-être Florence) semble sur le point de s’effondrer alors que l’individu au premier plan, incarnation de la modernité, poursuit sa course sans y prêter la moindre attention. En 1956, Gino Severini dessine Le Cycliste, sujet d’une tapisserie réalisée en 1977 et présente dans cette exposition. L’auteur remplace les lignes fluides du tourbillon de Boccioni par une certaine rigidité formelle. Mais l’intention est assez semblable et l’artiste a recherché une compénétration absolue entre la potentialité du cycliste et celle imposée par la réalité physique.
On peut trouver un point commun entre toutes ces œuvres : la naissance d’une entité nouvelle de la synergie qui s’impose l’homme s’empare de la bicyclette. Il ne perd pas ses qualités mondaines en donnant vie à une unité indissociable non seulement avec la machine, mais aussi avec les routes parcourues et les difficultés affrontées et surmontées. Le sujet des peintures est isolé et maintenu dans un isolement mental qui délimite les traits d’une connexion renouvelée avec la dimension corporelle. La compénétration se vérifie ainsi dans une dimension ineffable dominée par le rapport dialectique entre l’espace et le temps.
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