In Memoriam Simon Lane
par Gérard-Georges Lemaire
Et pourtant, Simon Lave avait tout
d’un écrivain sérieux et savait quand il fallait
mettre un point final à un tapuscrit. Je suis persuadé
qu’il y a des écrivains de ce type, qui ne deviennent
célèbres qu’une fois qu’ils nous ont
faussé compagnie, comme Italo Svevo et Henry James, comme Franz
Kafka. Cela a été le cas avec mon épouse, Patrizia
Runfola, dont personne ne voulut de son vivant imprimer Le Lezioni di
tenebre et qui est maintenant publiée,
célébrée et traduite dans plusieurs langues. Depuis
qu’il a pris la poudre d’escampette, Simon Lane va
n’être plus que ce à quoi il a aspiré avec un
incroyable énergie : un romancier et un nouvelliste digne de ce
nom, et aussi l’auteur de belles pages sur l’art et sur le
monde qu’il a vu, de la façon qu’il les a vus.
Un proche nous a quitté tout
d’un coup, et nous savons déjà combien il va nous
manquer. Et cela nous sera difficile à vivre. Mais reste avec nous
l’homme de lettres, et tous les mots qu’il a accumulés
dans ses ouvrages pour donner plus de sens à notre existence comme
ils ont donné tant de sens à la sienne.
Aussi étrange et incongru
que cela puise paraître, ce jour est par conséquent celui
d’une naissance. A nous tous, qui l’aimons, et qui
l’aimerons à jamais, tel qu’en lui-même, avec ses
immenses qualités et aussi avec ses grands défauts,
c’est-à-dire l’homme qu’il a été,
imparfait sans doute, mais capable de dépasser ces imperfections
(celles de l’humain, trop humain, celles du moindre des vivants) par
ce qui le rendait si touchant et si plaisant à vivre, si aimable et
si unique, à ce moment précis, se change en ce qu’il a
pu être –ou plutôt demeure - malgré
l’adversité et la médiocrité qu’il a
dû affronter – un homme de l’écrit, un homme
passionné par l’art de l’écriture et qui,
à la force du poignet est devenu un artiste profond et singulier,
qu’il nous faut encore et toujours défendre post
mortem.
A ce moment précis, Simon Lane
va vivre en chacun de nous, par les souvenirs qu’il nous a
laissés, mais encore plus par l’œuvre qu’il nous
a léguée.
Gérard-Georges Lemaire
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