Sur la neige fraîche en miniature : « hors piste 2013 » au centre Pompidou
par Giancarlo Pagliasso
*
Cécile Babiole, avec Miniatures – Kits
Audiovisuels (2011) présente une installation comprenant six
parallélépipèdes surmontés par de petites
éclairées, contenant de minuscules membranes produite par un
scan en trois dimensions d’objets symbolisant la culture populaire
audiovisuelle (un ghetto blaster, une caméra vidéo
digitale, une guitare électrique, un magnétophone, un
tourne-disque, etc. ). L’artiste, qui a commencé par
l’expérimentation électronique et synthétique, a
élargi ses intérêts avec le temps, même dans la
perspective de la figuration (elle expose en mars des sculptures et des
installations sonores en même temps que l’artiste Alessio
Delfino à la galeriue Coullaud & Koulinsky) convertissant dans
Miniatures, par l’apparence de la sculpture, le digital et
l’analogique. Pour compléter le caractère culturel de
spetits cénotaphes dédiés à la mémoire
de l’univers musical des années 30, Babiole a orné
chaque monolithe d’un haut-parleur diffusant une colonne sonore
arrangée avec ce qu’elle obtient avec l’imprimante en 3D
pour exalter les objets miniaturisés. Cet hommage présuppose
aussi un désenchantement ironique de la part à
l’encontre du monde qu’elle est censée
célébrée.
David Guez travaille lui
aussi sur le thème de la mémoire et s’est posé
le problème de la conservation des documents digitaux quand
disparaîtront leurs supports magnétiques. Avec Disque dur
papier (2012), il a transcrit sur le papier d’un livre, en le
miniaturisant, le code binaire d’un fragment de mémoire du
film La Jetée de Chris Marker (1962). Ainsi, chaque page
de ce volume est une partie de la mémoire qui peut être
reproduit en utilisant le scanner et en visualisant de cette façon
le chef-d’œuvre du cinéaste. Des feuilles agrandies de
cette carte numérique montrent des
« scènes » du film réduites à la
succession des chiffres 0 et 1, qui à la manière
d’Opalka, semblent interroger le passage irrésistible du
temps plus que la dimension spatiale de l’image.
Dans cette partie de l’exposition, il faut encore parler de Jenifer
et Kevin McCoy, Wehn Damisch et Pierre-Yves Boisramé. Les artistes
américains construisent des mini sets avec des dizaines de
caméras qui élargissent et donnent une consistance
réelle aux personnages et aux intérieurs filmés, qui
sont projetés sur grand écran en les rendant autonomes de
manière illusoire. Damisch procède de la même
façon en construisant de petits modèles des principaux
monuments du monde entier. Alignés et éclairés par une
lumière rasante dans l’installation qui en contient une
centaine, leur silhouette dessine sur le fond l’impossible utopie
d’embrasser dans un regard la pluralité du monde.
Boisramé nous contraint à avoir une vision
particulière en reprenant la petite maquette d’un
téléphérique qui semble se mouvoir entre un paysage de
montagne reconstitué sur trois écrans sur lesquels sont
projetés des cimes enneigées qui défilent.
L’image de l’objet reproposé sur un moniteur, parvient
à faire « se confronter le spectateur avec un dispositif
qui produit le simulacre d’une réalité à une
échelle différente de la sienne », lui restituant en
même temps l’illusion du mouvement.
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