Amour
par Julian Starke
Amour de Michael Haneke : Amour, deuxième Palme d'Or pour le cinéaste Autrichien après le Ruban Blanc en 2007, est aujourd'hui nominé aux Oscars après une rafale de prix en festivals. Le film est donc en liste pour la deuxième plus grosse consécration internationale face à de grosses machines Américaines telles que Lincoln de Steven Spielberg, Django Unchained de Quentin Tarantino ou Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow.
Anne
(Emmanuelle
Riva)
et
George
(Jean-Louis
Trintignant)
forment
un
petit
couple
d'octogénaires.
Mélomanes
et
anciens
pianistes,
ils
font
partis
d'une
bourgeoisie
très
cultivée.
Ils
sont
retraités,
mais
continuent
de
prendre
du
plaisir
à
vivre
leur
quotidien
ensemble.
Le
film
commence
par
le
concert
d'un
ancien
élève
d'Anne,
Alexandre
Tharaud
(le
vrai
pianiste).
Cette
sortie,
reflet
de
leur
vie
passée,
sera
leur
dernière.
Dès
leur
retour,
nous
ne
quitterons
plus
leur
bel
appartement
Haussmannien
qui
prend
une
importance
primordiale.
C'est
ici
que
tout
commence,
le
lendemain,
lorsqu'Anne
a
une
absence.
C'est
aussi
ici
que
nous
verrons
la
dégradation
physique
et
mentale
qu'elle
subira
aux
suites
de
son
opération
ratée.
Une
fois
de
plus
Haneke
se
place
en
éducateur
face
aux
spectateurs
grâce
à
son
outil
préféré
:
la
violence
morale.
Comme
tous
cinéaste
digne
de
ce
nom,
il
se
pose
la
question
de
«
Qu'à
t-on
le
droit
de
montrer
au
cinéma?
».
Ce
qui
revient
à
dire
«
Qu'à
t-on
le
droit
de
montrer
ou
de
voir
dans
la
vie
?
»
car
le
cinéma
n'est
que
le
reflet
de
celle-ci.
On
sait
par
exemple
qu'il
est
interdit
de
mettre
en
ligne
une
vidéo
montrant
la
mort
d'un
individu.
Amour est
certes
une
fiction,
mais
un
réalisateur
si
précis,
perfectionniste
et
manipulateur
nous
plonge
dans
les
abysses
de
son
film
à
travers
l'épure
et
la
sobriété.
Le
spectateur
est
littéralement
injecté
dans
ce
huis
clos,
au
même
titre
qu'une
piqure
on
rajoute
un
élément
extérieur
au
sein
même
d'un
organisme.
Haneke
nous
impose
de
regarder
ce
quotidien
qui
tourne
au
cauchemar.
Ce
à
quoi
il
rétorquera
que,
si
le
film
ne
nous
convient
pas,
libre
à
nous
de
quitter
la
salle.
On
voit
ce
que
nous
ne
voudrions
ou
devrions
pas
voir,
et
cela
est
justifié
par
le
côté
réaliste
qu'adopte
l'oeuvre.
On
pense
notamment
à
la
scène
de
bain,
ou
l'infirmière
douche
Emmanuelle
Riva
qui,
nue,
hurle
encore
une
fois
la
seule
chose
qu'elle
arrive
à
exprimer
«
Mal,
maal,
maaal
!
».
Il
est
compréhensible
que
dans
un
souci
d'honnêteté
le
cinéaste
ne
veuille
rien
cacher,
mais
il
est
aussi
humainement
difficile
d'imposer
à
une
comédienne
de
84
ans
de
jouer
nue.
Surtout
lorsqu'elle
incarne
un
personnage
mourant,
assisté
d'une
infirmière
pour
sa
toilette.
L'anecdote
veut
d'ailleurs
qu'Emmanuelle
Riva
ait
accepté
après
une
longue
discussion
avec
le
réalisateur.
George
en
vient
même
à
cacher
sa
femme
à
leur
propre
fille
(le
cercle
le
plus
intime)
déclarant
que
«
personne
ne
mérite
de
voir
ça
».
Pourtant
Haneke
décrète
que
tout
le
monde
doit,
même
nous
parfait
étrangers
à
ce
couple.
On
se
retrouve
voyeur,
nous
ne
sommes
pas
à
notre
place,
et
ce
n'est
en
aucune
façon
aussi
bon-enfant
que
le
voyeurisme
introduit
par
Hitchcock
dans
les
années
50
avec,
entres
autres,
Fenêtre
sur
cour.
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