Amour
par Julian Starke
Il
y
a
un
lien
très
fort
entre
Amour et
la
filmographie
de
Pier
Paolo
Pasolini
dans
la
manière
de
faire
passer
le
message
:
par
la
souffrance
et
la
violence
en
vue
de
réactions
et
réflexions.
Evidemment,
le
cinéaste
Autrichien
est
moins
extrême
que
l'Italien.
Leurs
cinémas
sont
très
différents
mais
les
moyens
(de
transmission)
sont
proches.
On
souffre
mais
dans
un
but,
et
on
en
sort
finalement
grandit.
Tandis
que
Pasolini
est
chaud,
Haneke
est
froid
et
ceci
se
ressent
notamment
dans
son
utilisation
de
la
musique.
Alors
que
nous
sommes
dans
une
famille
de
pianistes,
il
n'y
a
dans
le
film
que
de
la
musique
faisant
partie
de
la
diégèse.
L'unique
musique
présente
est
celle
jouée
(vue)
dans
le
film,
soit
par
Alexandre
Tharaud
lors
de
son
concert,
soit
par
Jean-Louis
Trintignant
qui
joue
du
piano
ou
écoute
un
disque.
Je
crois
qu'il
y
a
là
les
seuls
éléments
musicaux
qui
composent
les
2H07
du
film.
Ainsi,
le
réalisateur
nous
laisse
en
quelque
sorte
seul
avec
l'histoire,
au
même
titre
qu'Anne
et
George
sont
seuls.
Si
la
musique
aurait
pu
servir
son
propos,
elle
nous
aurait
aussi
permis
de
nous
réfugier
dans
du
familier,
quelque
chose
nous
appartenant
à
tous,
l'oeuvre
de
Schubert.
Enfin, le film dépasse réellement ses précédents grâce à son sujet principal, l'Amour. Alors qu'à ses débuts le film portait un tout autre nom, un technicien ayant prononcé le mot sur le plateau lors du tournage, l'évidence apparue au cinéaste. On assiste ici à l'une des plus belles formes et preuves d'amour qui soit. George accompagne, soutient, entretient son épouse dans les moments les plus difficiles. Elle lui fait promettre de ne jamais l'envoyer dans une maison spécialisée, chose qu'il honorera. Il surveille la manière dont les infirmières la traite, il reste patient, attentionné, amoureux comme au premier jour, et cela dans les plus effroyables moments (qui ne nous sont pas épargnées), jusqu'à ce qu'il la tue. Terrible dénouement qui n'arrivera pas dans l'excès, lors d'une de ses crises où elle ne cesse d'hurler « mal, maal, mal, maaaaaal ! », mais justement après l'avoir calmée. Il lui raconte une histoire de son enfance qu'elle ne connaissait apparemment pas, puis dans un moment de conscience prend un coussin et recouvre le visage de sa douce. L'acte est pondéré, réfléchi, il ne cède pas à son désir à elle, qui rate plusieurs tentatives de suicide. C'est l'acte d'Amour par excellence. Il ne cherche pas à se délivrer lui mais à la délivrer elle. Comme dans tout ce qu'il fait, sans jamais s'effacer ni oublier sa personnalité, c'est par altruisme qu'il se comporte. C'est ainsi qu'il la délivre et se délivre bien qu'il paraisse évident qu'il ne puisse pas vivre sans elle, surtout pas dans ce lieu où leur amour a perduré au fil des années.
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