Lucrezia di Domizio Durini, l'égérie de l'art contemporain
par Gérard-Georges Lemaire
G.-G. L. : Après cette manifestation importante qui mettais un terme à une partie de votre vie, vous avez cherché à montrer l’intérêt que vous portiez à d’autres artistes et en particulier à des jeunes gens.
L. D. D. D. : En suivant les principes sacrés de mon maître allemand, j’ai entretenu une relation très étroite avec l’art pendant quarante ans. Voilà j’ai voulu, au sein de l’ExpoArte de Bari, promouvoir la « nouvelle alchimie ». C’est le marchand de tableau Ninni Esposito qui l’a réalisée. Il y avait des artistes de plusieurs générations, de types de recherches différentes qui vont au-delà du tohu-bohu actuel de l’art. Ce sont des « artistes silencieux ». Dans leur « discours » vit la profondeur de l’espace et du temps, où réside le grand secret, cette alchimie du silence que le grand poète allemand Novalis appelle l’« acoustique de l’âme ». La scénographie de l’exposition que j’ai imaginée formant un grand X de 25 mètres, constituant un grand tout unifié. C’est l’espace inéluctable de l’art, où se trouvaient les œuvres des vingt-cinq artistes choisis : Marco Bagnoli, Manuela Bertoli, Joseph Beuys, Mario Bottinelli Montandon, Nathalie Brauld, Giuseppe Chiari, Gian Luigi Colin, Estelle Courtois, Gino De Dominicis, Emanuel Dimas de Melo Pimenta, Dagmar Dost – Nolden, Gerado Dicrola, Paolo Laudisa, Ingeborg Lüscher, Umberto Mariani, Leonel Moura, Massimo Orsini,Vettor Pisani, Michelangelo Pistoletto, Emilio Prini, Aldo Roda, Vitantonio Russo, Maurizio Ruzzi, Stefano Soddu, Renzo Tieri, Peter Uhlmann. Toutes ces œuvres vivaient conceptuellement ensemble, mais conservant leur identité propre, tout à fait visible lorsque le visiteur passait. Le temps de l’art est un temps qui dépeint le grand paysage de l’univers. Un important catalogue a été édité pour cette occasion précieuse.
G.-G. L. : Toujours à Bari, vous avez organisé une autre manifestation, cette fois une exposition personnelle d’Emmanuel Pimenta dans les magnifiques salles du château qui a été entièrement restauré. Ce n’était qu’une des étapes de cette manifestation (un Grand Tour international !) qui a été présentée en plusieurs lieux, dont Venise et New York. Comment ave-vous pensé cet événement hors norme ?
L. D. D. D. : Quand je pense à John Cage, je fais aussitôt le lien avec Joseph Beuys pour deux raisons précises : la première est temporelle, tous les deux ont vécu dans l’esprit de Flux et ont appartenu à ce mouvement, la seconde a affaire avec la révolution culturelle dans le territoire mondial de l’art. Ce sont deux types d’hommes et d’artistes du XXe siècle : Beuys a rompu avec la tradition de l’art et Cage, a eu une vision nouvelle du monde de la musique. ‘ai rencontré il y a environ vingt-cinq ans Emanuel Dimas de Melo Pimenta, un jeune architecte, compositeur, photographe, écrivain, un artiste total qui, à quinze ans, qui a connu John Cage à quinze ans et a collaboré avec lui de manière intense. Pimenta a vécu à New York avec l’élite culturelle d’un moment culturel unique, il a créé des musiques pour Cage e Merce Cunningham. C’est un jeune compositeur de grand talent qui a d’abord imaginé l’Architecture virtuelle. Il a voyagé avec ses compostions dans le monde entier et il a reçu des prix. Il a rencontré le succès auprès du public et a été reconnu non seulement par le monde de la musique, mais aussi par le monde de la culture.Pimenta m’a fait connaître un univers musical qui m’a passionné. Par ailleurs, Emanuel s’est immergé dans le monde beuysien en faisant des compositions sublimes à la mémoire de Beuys. D’un point de vue conceptuel, Emanuel Pimenta est le fils de Cage comme je suis la fille de Beuys. A New York, le 12 mars 2012, pendant un mois, Emanuel Pimenta a réalisé cinq manifestations créatives pour le centenaire de la naissance de Cage et, ensuite, a réalise dans vingt-sept pays, il a imaginé des événements en hommage à son ami Cage. J’ai collaboré à cette aventure culturelle dans un bon nombre de ces lieux, à Barcelone, à Venise, à New York, à Lisbonne, à Cadaquès, à Bologne.
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