Lucrezia di Domizio Durini, l'égérie de l'art contemporain
par Gérard-Georges Lemaire
G.-G. L. : A Rome, vous avez présenté les œuvres de Peter Uhlman dans la nouvelle galerie de Massimo Riposati. Vous aviez déjà conçu un très beau livre, Paradise, avec ses dessins et ses poèmes. Quel a été l’objectif de cette exposition ?
L. D. D. D. : Je connais le travail de l’artiste, poète, photographe Peter Uhlman depuis environ vint ans. J’ai fait plusieurs expositions de lui et j’ai écrit trois ouvrages le concernant. Uhlmann a exprimé le désir de faire une exposition anthologique et de faire un catalogue résumant tout son parcours. Nous avons travaillé pendant un an à Zurich et il est souvent venu dans mon appartement à Paris. Je l’ai écouté, je l’ai enregistré et j’ai analysé sa vie entière, des rêves de son enfance à ses premières œuvres poétiques. J’ai découvert à travers son récit, son histoire familiale, les événements qui ont ponctué sa jeunesse, ses voyages, toutes sortes de récits de sa vie et puis j’ai compris combien l’art n’a fait qu’un avec cette vie. Je peux dire que nos longues conversations ont été des moments thérapeutiques, pour moi comme pour lui, car les souvenirs ne se conservent pas, mais sont toujours reconstruits et toujours associés à d’autres, rafraîchissant la mémoire et conduisant le lecteur vers un message de transformation. L’événement intitulé Art is Life and Love, dont les commissaires ont été Massimo Riposati et moi-même, a été inaugurée le 20 mars dans le célèbre espace de la Fondazione Celere à Rome. L’exposition était un ensemble de poèmes, de dessins et de photographies, tout le travail d’une existence. J’ai appelé cela le Triangle équilatéral d’un homme, avocat et artiste visionnaire, qui n’invente pas des méthodes, ma se donne à la culture comme unique possibilité de son existence avec liberté et intégrité. Pour Peter Uhlmann, Art is Life and Love. C’est pourquoi j’ai donné ce titre à la publication. Les performances réalisées par onze artistes et un concert inédit du compositeur Marco Rapattoni relataient, grâce à une mise en scène admirable avec des paroles poétiques et des sons visionnaires le monde de Peter Uhlmann dans l’art et au-delà de l’art, ce complexe événement romain, le rêve aux mots muets et la vie réelle comme le catalogue et l’exposition reflétaient la vision sublime de l’artiste de cet artiste et de ce poète.
G.-G. L. : Votre livre, intitulé Perché ?, sort chez Mondadori à Milan. Vous avez écrit un nombre énorme d’ouvrages sur Beuys et sur de nombreux autres artistes dont la plupart sont venus montrer leur travail dans l’hypogé construit à Bolognano. C’est un lieu magique de rencontres et de créations d’artistes, d’écrivains, de musiciens. Après tout cela, quelle a été votre ambition en écrivant ce livre ?
L. D. D. D. : Mon grand ami disparu prématurément, Harald Szeemann, un des plus singuliers commissaires d’exposition indépendants de l’art international, avec lequel j’ai collaboré pendant quarante ans, m’a souvent incité à écrire mes mémoires et à raconté ce que j’ai fait pour l’art avec intégrité et indépendance d’esprit tout ce temps. Harald me répétait : « Lucrezia, il n’y a que toi qui ait été une personne libre, donc tu pourras relater les transformations sociaux, économiques et politiques en Italie et de l’évolution des figures de l’art de ton Bel Paese. Ecris un livre – c’est indispensables pour les jeunes. Après avoir fait la donation au Kunsthaus de Zurich et fait le volumineux ouvrage baptisé Beuys’s Voice publié à cette occasion, je suis partie à Paris, rue Jean-Bart, loin de cette Italie que je n’aime plus et j’y ai écrit le roman de ma vie vécue pendant plus de quarante ans dans la société et dans le milieu de l’art en Italie. Ce Perché ? est un livre blanc. Il n’y pas de critiques, d’opinions et encore moins de jugements. Le lecteur dira son « pourquoi ». Il servira à réveiller les mémoires et apportera un message aux jeunes gens. Il est la manifestation de mon désir d’un monde meilleur. Sa lecture est simple, fluide, abordable par tous, de l’étudiant au travailleur. Je vais le présenter dans tout le pays, à commencer par l’Italie avec le concept beuysien en accompagnant le livre de performances, de vidéos, de films, d’expositions. Cela aura lieu pendant toute l’année prochaine.
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