ID : 94
N°Verso : 68
La chronique d'Amélie Adamo
Titre : Gérard Schlosser. Les dessous du sensible.
Auteur(s) : par Amélie Adamo
Date : 24/07/2013



Gérard Schlosser. Les dessous du sensible.
par Amélie Adamo

            De façon sous-jacente, la peinture de Schlosser résiste à cette vision du monde. Politique en ce sens, elle permet de repenser le pouvoir critique du peuple comme individu. Contre la déréalisation et la haine de soi, elle rend palpable l’amour du Corps (des hommes et du Réel) et porte une dimension mythopoïétique, fondatrice de la destinée humaine. Contre le monde industriel et l’aliénation au temps du travail, elle donne à toucher la sensualité des formes et ouvre sur un tempo humain, celui de l’intériorité.
            Et nous, spectateurs de l’œuvre et acteurs du monde, face aux tableaux de Schlosser nous regardons et nous nous disons : qu’importe que le temps passe, avant que l’Heure n’advienne, il y a, il y a eu, il y aura la vie saisie à bras le corps.
            Et nous, spectateurs de l’œuvre et acteurs du monde, face aux tableaux nous désirons. Nous désirons sentir et toucher le monde, humer l’odeur du sexe sur les doigts, le parfum de la terre humide et des fleurs sur le corps. Nous désirons entendre le sable qui s’égraine sous nos pas et la mer qui s’abat sur le bord de la digue. Nous désirons palper les fesses douces et moelleuses sous les dessous de flanelle et de satin.
            Et nous, spectateurs de l’œuvre et acteurs du monde, face aux tableaux nous rêvons. Nous rêvons de cueillir la magie dans la banalité du quotidien. Nous rêvons de l’infini et des petites choses, belles et fragiles, tranquilles et inquiétantes.
            Et nous, nous nous attablons au festin du vivant, et mâchouillons joyeusement la chair de l’instant. Nous nous attablons et dégustons en dessert le gout de l’Homme. Comme une toute petite pomme.

 

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