La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire
Les Ecrivains de la Beat Generation, Jacqueline Starer, Editions d’Ecarts, 354 p., 25 €.
La Beat Generation américaine est à la fois bien connue et mal connue en France. Toutes sortes d’idées toutes faites circulent à son propos. L’étude de Jacqueline Starer, que je trouve remarquable, nous permet de nous faire une idée plus juste puisqu’elle a entrepris de faire une longue et profonde enquête en se référant aux textes des différents auteurs qui la compose, cela est l’évidence même, mais en rencontrant les auteurs encore vivants. C’est ainsi qu’elle a parlé avec Gregory Corso, à Gary Snyder, à Lawrence Ferlinghetti et aussi à des témoins de « première main » comme Carolyn Cassady. Bien sûr, les propos tenus par les uns et les autres sont à prendre avec précaution, comme toujours dans ce genre d’enquête : ils nous offrent une vision rétrospective. Mais c’est tout de même un mètre nécessaire pour juger des événements, quitte à corriger certaines affirmations de circonstance. Si la Beat Generation est en réalité la relation de trois hommes, Jack Kerouac, William S. Burroughs et Allen Ginsberg, on sait bien qu’elle n’a pu exister que grâce à d’autres auteurs, plus ou moins proches, et aussi à des figures atypiques comme Neal Cassady qui peut être regardé comme le catalyseur de ce petit noyau) et aussi à ce pègre de bas niveau que Burroughs fréquentait à New York et qui ont eu leur importance au début de l’affaire au milieu des années quarante à New York. Ces pages nous apportent un masse considérable d’information et un auteur très scrupuleux et respectueux, qui évite de tomber dans le piège des généralisations et des clichés. En plus, Jacqueline Starer a écrit ce livre avec beaucoup de simplicité et il se lit comme on lirait un roman, avec plaisir et intérêt. Enfin, elle a fait une chronologie très détaillé, qui est un instrument de travail très précieux. En somme ce livre est indispensable pour tous ceux qui veulent mieux connaître ces poètes et romanciers, mais aussi pour qui éprouve la nécessité de creuser la question de la nature précise de la culture américaine de cette période cruciale.
L’Idole, Cesare Pavese, traduit par Pierre Laroche, préface de Mario Fusco, « Folio bilingue », 224 p., 6,50 €.
Cesare Pavese est l’un des plus grands écrivains de l’après-guerre en Italie. Mais, avec le recul, il donne bien l’impression d’être passé de mode. Il n’a pas supporté l’épreuve du temps. Les trois nouvelles réunies dans ce recueil paraissent d’un réalisme surfait et peu convaincant. « Nuit de fête » donne le sentiment d’être un petit documentaire sur la vie de province et « le Blouson de cuir » n’est pas même à la hauteur des films néo-réalistes de la même période. Même « l’Idole » ne parvient pas à nous rendre aux raisons invoquées par Mario Fusco, un remarquable italianiste, qui avait traduit les œuvres d’Italo Svevo. Contentons-nous de dire que ces trois petits textes peuvent être utiles à tous ceux qui veulent apprendre l’italien, car l’écriture y est simple, précise et construite avec soin. Mais les histoires sont comme un vieux film qui n’a plus qu’un intérêt documentaire.
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